Vous vous demandez très certainement, mais qu'est ce qu'un agent de la Corporation peut bien faire dans un hôpital? Un agent de la corporation qui, en plus, n'a aucune attache familiale, ou émotionnelle avec qui que se soit. Est-il blessé? Non. Rend il une visite de courtoisie? Non plus, ou alors votre définition de la courtoisie est assez différente de la mienne. Mais revenons quelques heures en arrière.

La Corporation avait eu vent d'une opération de la division, ici même à Washington. D'après leurs sources, la division projetait d'abattre un sénateur devenu gênant. Alors bien sur, une équipe de la Corporation, dont Grayson, était venu mettre son grain de sel. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, toute l'équipe, armé jusqu'aux dents, était prête a riposter. Sauf que tout ne s'était pas déroulé selon leur plan. Rendre cette mission difficile, cet objectif était pleinement atteint. La compromettre, ça non, ils n'y étaient pas parvenu. Le sénateur était mort, et maintenant il faisait la une de tout les journaux.

Mais comme je vous le disais, le bilan n'était pas non plus complètement négatif. Ils avaient tout de même réussi à mettre des bâtons dans les roues à la Division. Au moins un de leur agent avait été gravement blessé, et amené à l’Hôpital. Oui, à l’hôpital. Les ambulances avaient été étrangement efficace, et la division n'avaient pas eu le temps de récupérer ces hommes. Alors Grayson (j'ai eu envie d'écrire Winston XDD), seul cette fois-ci, s'était vu confié comme mission de se faufiler discrètement au Washington Hospital Center, et de finir le travail commencé. Comprenez par là, le tuer, tout simplement.

"C'est bon je t'ai en visuel Gray', tu peux avancer, la voie est libre." lui disait un autre agent dans l'oreillette. "A ce que je vois, il a été transféré au troisième étage. Les escaliers sont au bout du couloir sur ta gauche."
Il prit alors les escaliers, et attendit d'être seul pour répondre. "J'y suis. Numéro de chambre?" "304" "Toujours pas de trace de la division?" "Non toujours pas" Grayson avançait toujours dans les couloirs, d'un pas décidé. 20 mètres. 10 mètres. 5 mètres, et il aurait réussi sa mission. "Merde, Grayson, Division en face de toi! "
Ni une ni deux, il s'engouffra dans la pièce la plus proche, qui se trouvait être une chambre vide. C'était déjà ça. "Bon sang c'est quoi ce bordel? Je croyais qu'ils étaient pas là merde!"
Grayson retira la sécurité de son arme, prêt à dégainer. "Bon, on peut y arriver, Valentina est à l'autre bout du couloir, c'est toi le plus près de la 304, donc tu peux le faire. Ok?" Grayson roula des yeux. "Bien sur que je peux le faire. Elle est où cette putain de chambre?"

Spoiler:

Minuit et cinq minutes. J'arpentais les couloirs de la Division sans objectif précis. Il m'arrivait souvent de traîner à l'intérieur des locaux pour observer des recrues en exercice ou des agents en préparation de mission. C'était toujours mieux que de retourner dans cet appartement sans vie du centre ville qui me servait de résidence officielle. Un appartement que je haïssais. Mon vrai foyer, celui qui m'avait vue naître et grandir, était ici, dans la Division. Je tournais à un angle de couloir quand j'entendis la voix de Percy dans mon dos:

"Valentina !" Je me retournai. "Justement je te cherchais. Viens dans mon bureau."

Sans un mot, je le suivis jusqu'à une immense pièce que lui seul pouvait ouvrir, techniques biométriques obligent. Il m'invita à m'asseoir tandis que lui-même prenait place dans son fauteuil, avant de commencer à me parler de la Corporation. Il m'expliqua qu'il souhaitait tendre un piège à ces agents nuisibles et qu'il voulait que ce soit moi qui dirige l'opération. Je ne pus retenir un sourire. La seule chose qui pouvait m'exciter autant que la perspective de tuer des agents et des recrues indésirables, c'était celle de faire la chasse aux membres de la Corporation.

Un plan fut soigneusement mis en place, et répété à plusieurs reprises. Le soir S, tout se déroula comme prévu. Comme prévu, la Corporation avait été prévenue de l'opération grâce à un faux indic. Comme prévu, plusieurs agents furent dépêchés pour faire échouer la mission de la Division. Comme prévu, un agent de celle-ci, bouc-émissaire désigné car soupçonné de trahison (et que je devais éliminer à la fin de la mission) fut grièvement blessé. Comme prévu, il fut transporté non pas à la Division comme d'habitude mais à l'hôpital. Comme prévu, quelques heures plus tard, la Corporation ramenait ses fesses pour l'achever.

J'attendais patiemment, cachée à l'angle du couloir du troisième étage où se trouvait le blessé. J'étais seule sur le terrain pour cette mission. L'équipe d'extraction se situait dans une ruelle à côté de l'hôpital et j'étais suivie par le service informatique et de liaison. Déguisée en proche de malade, cela faisait plusieurs heures que j'étais là à attendre que la Corporation intervienne. Je montrais toujours une patience exemplaire lors de mes missions, beaucoup moins en dehors de celles-ci.
Tout à coup, la voix à l'autre bout de mon oreillette me signala: "Ils sont là. Je ne vois qu'un seul agent pour l'instant." Je chargeai mon arme. "Il monte au troisième." J'installai le silencieux. "Il arrive dans ton couloir." Je retirai le cran de sécurité. Au moment où j'allais surgir de ma cachette et tirer, je le vis s'engouffrer dans une chambre adjacente. Et merde, on avait dû le prévenir une demi-seconde plus tôt. Tant pis pour l'effet de surprise, cela n'allait pas m'empêcher de réussir la mission. D'ailleurs j'étais assez excitée par le face à face qui allait suivre. J'avais reconnu l'agent envoyé par la Corporation. Grayson Reeves. Entre lui et moi, c'était toute une histoire...

J'attendis donc au coin du mur, qu'il daigne sortir de cette chambre pour que je le troue comme un gruyère.

Valentina. Parmi tout les agents de la division, il avait fallu que se soit elle. Grayson ne savait pas trop bien si il était agacé, ou bien amusé de toujours la croiser lors de ces missions. Peu importe où il allait, peu importe l'objectif de la mission, Valentina était presque toujours là. S'il avait parié sur sa présence, il serait devenu millionnaire depuis longtemps. L'avantage, c'est qu'il savait comment elle fonctionnait sur le terrain. Le désavantage, c'est qu'elle aussi.
Quelque chose clochait. Valentina en mission de sauvetage, ce n'était pas normal. Grayson savait à juste titre, que la demoiselle aussi charmante soit elle, avait une préférence prononcé pour le meurtre, quitte à ce que le tout finisse en massacre ou en bain de sang, elle n'avait aucune pitié. Valentina en mission de sauvetage, c'est comme Twain dans un jour de bonté: ça n'existe pas, et ce n'est même plus à espérer. Non. Elle n'était pas là pour récupérer l'agent de la division, il en était persuadé.

Deux solutions s'imposaient. Soit elle était ici pour la même raison que lui, dans ce cas pourquoi s’embêter, et ne pas attendre bien sagement qu'elle fasse le travail à sa place. Soit, et cette hypothèse lui paraissait plus probable, c'était un piège. Dans ce cas, il ne lui restait plus qu'une chose à faire, évacuer les lieux le plus rapidement possible. Rien ne lui garantissait que l'homme dans la 304 était réellement blessé, il pouvait tout aussi bien attendre sagement un Grayson trop confiant, et lui pointé le canon de son arme sur la tempe, avant même qu'il ait eu le temps de l'achever. Maudite division. Autre facteur à prendre en compte, il était seul. Les renforts mettraient du temps avant de venir, impossible donc de foncer dans le tas, il devait la jouer fine, d'autant plus que Valentina n'était surement pas seule.

De retour dans l'oreillette, Grayson peaufinait son plan d'attaque."Tu as bien accès aux caméras de sécurité?" "Affirmatif" "tu peux remonter à environ une demie-heure, et me dire si tu vois Valentina ?" "2 petites minutes, je récupère toutes les bandes, je remonte tout ça et... Grayson je crois que tu as un problème, elle T'ATTENDAIT, et à ce que je vois, c'est toujours le cas, elle n'a pas bougé d'un pouce. Je t'envoie une équipe, essaie de rester en vie d'ici là." Compte sur moi. Je vais sortir par la fenêtre, couvre moi."

Il sortit une corde et une poulie de la doublure de sa veste. Minutieusement, il noua la corde au radiateur sous la fenêtre, jusqu'à ce qu'il entente la porte de la chambre s'ouvrir. Par réflexe, il sortit son arme, prêt à tirer.

* * * * *

Washington DC, 8 Janvier 2009. Il était un peu plus de 14 heures lorsqu'un commando de la Division sortit de trois fourgons blindés, armé jusqu'aux dents. 11 agents et 2 nettoyeurs étaient sur le coup. J'en faisais partie. Nous menions une grosse opération et Percy avait réquisitionné les meilleurs de ses agents. Tout se déroulait à la perfection, selon le plan établi. L'ambassade brésilienne que nous avions pour cible ne nous résista pas longtemps, tous les employés et gardes furent maîtrisés en moins de temps qu'il ne fallut pour l'écrire. Évidemment, tout cela aurait été trop facile si ces chiens de la Corporation n'avait eu vent de la mission quelques jours auparavant. Ils avaient placé un de leurs agents dans la garde rapprochée de Monsieur l'ambassadeur. Grayson. C'est sans nul doute l'effet de surprise (conjugué à l'action de ce dernier) qui me fit rater ma cible. Et c'est sans nul doute l'ordre de nous retirer immédiatement qui épargna la vie de Grayson. Au cours de notre combat, l'avantage était mien. Il était certes léger, mais bien réel. J'étais convaincue qu'une minute de plus m'aurait offert l'opportunité de me débarrasser définitivement de lui. Mais les ordres n'étaient pas discutables, je le savais. Au final, la mission était accomplie. Un des agents de la Division avait abattu l'ambassadeur pendant que je me battais avec Gray. Mais moi, je gardais tout de même le goût amer du sang que je n'avais pu verser ce jour-là, et gravais dans mon esprit le visage de celui qui avait réussi à m'échapper. Je savais que lui aussi devait garder un souvenir particulier de moi...
C'est ainsi que Grayson et moi, nous nous rencontrâmes pour la première fois. Nous ne nous doutions pas alors que ce n'était là que le début de notre relation explosive.

* * * * *

Les secondes s'écoulaient régulièrement, une à une, depuis que l'attaque surprise avait avorté. Je restais immobile, arme pointée vers le sol, guettant le moindre bruit. J'étais parfaitement calme malgré la situation: j'étais sûre de moi, sûre de mes capacités, sûre de mon savoir-tuer. Rien ne se passa pourtant, et après deux minutes de patience, je dus prendre une décision. Puisque Grayson ne semblait pas décidé à sortir de sa planque, c'est moi qui l'y rejoindrait. Attendre plus longtemps ainsi, c'était prendre le risque qu'il s'enfuie par la fenêtre, si ce n'était déjà fait. Il n'y avait pas de caméra dans les chambres, je ne pouvais donc compter que sur moi-même. Je savais aussi que je me mettais pas mal en danger par cette action mais je vous l'ai déjà dit: j'avais assez confiance en moi pour tenter le coup. Je m'assurai que la voie fût libre avant de me dévoiler: "J'y vais. Personne aux alentours ?" L'informaticien me répondit à l'oreillette. "Négatif." Je souriai. "Fais attention tout de m..." Je le coupai. "Ta gueule."

Je m'approchai à pas de loup de la chambre où Gray se cachait. A 5 centimètres de l'embrasure, je tendis l'oreille. Pas un bruit. Mauvais signe. Il ne me fallut pas une seconde de plus pour ouvrir la porte d'un grand coup de pied et pénétrer à l'intérieur de la pièce. Il était toujours là, mais s'apprêtait visiblement à me fausser compagnie. Les renforts de la Corporation devaient être en route. Je comptais bien les laisser récupérer leur coéquipier. En lambeaux et vidé de son sang.

Nous étions face à face. Lui, son arme pointée sur moi. Moi, mon arme pointée sur lui. Deux mètres nous séparaient. Une lueur sauvage traversa mes pupilles lorsque je brisai le silence, lui lançant avec mépris et suffisance:

- Alors on tente de s'enfuir ? On a peur de la méchante Valentina ?

Grayson aperçut distinctement la chevelure brune de Valentina entrant dans la pièce. Et merde. Pendant une demie-seconde, il avait cru qu'il s'agissait du personnel de l'hopital. Adossé à la fenêtre grande ouverte, Grayson avait son arme, et le regard braqué sur sa grande ennemie de toujours. Il allait encore avoir le droit à son petit discours de Mégalomane psychopathe. Toujours un plaisir d'écouter cette dérangée qui ne vivait que pour la division. Attentif aux moindre mouvements qu'elle effectuait, il attendait sagement qu'elle fasse un faux pas, que son regard s'aventure ailleurs, ou qu'elle passe à l'action.

"Alors on tente de s'enfuir ? On a peur de la méchante Valentina ?" Grayson esquissa un sourire, et lui répondit avec son ironie habituelle (parce que c'est Ian, et que l'ironie lui va siii bien XD) "Oh oui, tu ne peux pas imaginer à quel point je suis terrifié.". Il marqua une pause, toujours à l’affût du moindre mouvement suspect ou qui lui donnerait l'avantage. Il devait gagner du temps à tout prix, le temps que l'équipe de récupération arrive."Tiens-la occupé 5 minutes. Ils sont en route" lui soufflait-on à l’oreillette. 5 minutes. Il pouvait s'en passer des choses en 5 minutes, surtout en compagnie d'une machine à tuer comme Valentina.

- Toute cette manigance pour un tête à tête avec moi. T'ai-je manqué à ce point? Ou est-ce le fiasco de la dernière fois qui t'a rendu aigri?

Un fiasco était un peu exagéré, mais une pointe d’excès ne lui ferrait pas de mal. Avec un peu de chance, il pouvait lui faire perdre son calme, et il pourrait prendre l'avantage.
L'etat de rage dans laquelle il l'avait laissé, blessé, et incapable de se battre, avait été un véritable plaisir. Il n'avait pas eu le temps de l'abattre dans les règles, obligé de l'abandonner à son sort, la mission étant prioritaire, mais il s'était promis que la prochaine fois, il ne laisserait pas passer une telle chance.
Aujourd'hui, il ne se sentait pourtant pas en situation de supériorité. L’exécution sommaire devrait attendre un autre jour. Dommage. Il avait tout de même un plan de secours, au cas où les choses tournaient trop au vinaigre. Juste à temps, il avait attacher la poulie à un des passants de son jean. Espérons qu'elle n'ait rien remarquer.

Nous nous tenions mutuellement en joue. A la moindre petite ouverture, la moindre faiblesse de sa part, la moindre occasion offerte, je tirais. Un coup, une balle, et ce serait fini. J'aurais gagné. J'aurais pris une autre vie. Encore une. Je sentais l'adrénaline envahir mon corps, accélérer ma fréquence cardiaque et dilater mes pupilles. Le sang cognait plus fort que jamais dans mes veines. Tous mes réflexes étaient en éveil. Mes sens étaient décuplés. Je plongeais mes yeux dans les siens, sans ciller. Lui-même était en alerte. Bien qu'il paraisse parfaitement calme, je voyais sa poitrine se soulever à un rythme un peu trop élevé pour que cela paraisse normal.

- Oh oui, tu ne peux pas imaginer à quel point je suis terrifié.

Encore et toujours cette ironie Graysonienne. J'aurais tout donné pour lui faire ravaler ce sourire arrogant, aussi parfait soit-il, qu'il arborait à chaque fois qu'il m'adressait la parole. Je voyais bien qu'il prenait son pied à essayer de me provoquer. Chacune de nos rencontres étaient pour lui le moyen de me tester, de me pousser à bout pour voir si j'allais perdre mon sang froid. Mais je ne lui faisais jamais ce plaisir, je préférais mourir plutôt que de lui donner satisfaction. Étrangement, cette compétition silencieuse me stimulait. Et plus les confrontations s'accumulaient, plus je les appréciais. Comme si je découvrais petit à petit toutes les facettes de ce jeu tordu entre nous. Comme si celui qui allait perdre serait celui qui perdrait aussi la vie. Mais celui-là, ce n'était pas moi.

- Toute cette manigance pour un tête à tête avec moi. T'ai-je manqué à ce point? Ou est-ce le fiasco de la dernière fois qui t'a rendu aigri?

Fiasco. En entendant ce mot, mes doigts se resserrèrent autour de la crosse de mon MK23. Grayson évoquait là un souvenir assez cuisant, je devais l'avouer. C'était il y a 3 mois à peine. Une nouvelle fois, la Corporation avait tenté de saboter une mission de la Division. Et une nouvelle fois, Grayson s'était retrouvé en travers de mon chemin. J'attendais dans un fourgon en embuscade que deux agents exécutent la mission. Mon rôle à moi était "seulement" de nettoyer après leur passage. Mais ce petit enfoiré de Gray, missionné par la Corporation ce jour-là, nous repéra. Une grenade dégoupillée et une explosion plus tard, je sortis difficilement du véhicule à moitié détruit. J'étais blessée aux deux jambes, assourdie par le bruit, aveuglée par la poussière, incapable de me tenir debout, et surtout incapable de me défendre. Il aurait suffit à Grayson de se rapprocher de quelques mètres pour m'achever. Mais dans mon malheur, j'eus tout de même une pointe de chance puisqu'il dut me laisser ainsi pour poursuivre la mission. Avec d'immenses regrets d'ailleurs, je l'avais vu dans ses yeux.
Lui et ses complices n'empêchèrent pas les deux agents de la Division de remplir leur objectif. Mais je m'étais retrouvée dans l'impossibilité de nettoyer derrière eux. Le temps que la Division envoie une équipe en renfort, la couverture de l'un des deux agents avait été grillée. Et surtout, cette mission reste à ce jour la seule véritable humiliation que j'ai jamais subie. Il me fallut un mois entier pour me rétablir complètement.

- Et tu considères cette dernière mission comme une victoire peut-être ? Vous vous contentez de peu à la Corporation.

J'eus un rictus dédaigneux. Je voyais bien que tout ce que Grayson essayait de faire, c'était de gagner du temps. De tenir bon, jusqu'à ce que ses petits potes viennent à sa rescousse. Pensait-il vraiment que j'allais rester là à faire causette avec lui ? Il était hors de question que je le laisse mener sa barque, je devais mette fin à cet échange de politesses. Avec un demi-sourire, j'eus la gentillesse de le prévenir:

- Allez, trêve de blabla.

Et je joignis le geste à la parole. Ma main gauche maintenait toujours mon pistolet en place, prêt à tirer. Sans quitter Grayson du regard, ma main droite retira alors rapidement un couteau de la poche intérieure de mon trench. Couteau que je lançai immédiatement à la tête de mon ennemi de toujours.

Je vois ça oui XD Mais elle est tellement cool cette musique XD

Quel plaisir, et quelle joie de croiser Valentina, encore une fois. De la narguer, et d'affronter cette machine de guerre sans foi ni loi. A chaque fois, Grayson était toujours aussi satisfait de la retrouver - et n'y voyez aucune ironie. Presque aussi satisfait que réellement emmerder. Elle allait faire foirer sa mission ou lui mettre des batons dans les roues, mais bon sang que ce coup d'adrénaline était grisant. Jusque dans les bouts des doigts lorsqu'IL pressait sur la détente, et le coeur palpitant, lorqu'ELLE pressait sur la détente. Valentina, c'était le must made in Division question sensation forte, et Grayson adore les sensations fortes. De là à dire que Grayson adore Valentina... non. Disons qu'il adore la détester.

C'est lui qui, il y a quelques mois de ça, avait jeté cette grenade sur la camionnette banalisé. Certain qu'elle était de la Division, -parce que c'était la procédure standard- mais n'ayant aucune idée de quels agents pouvaient attendre leur feu vert pour passer à l'action. Il avait presque été déçu en voyant apparaître sa rivale affaiblie, et incapable de se défendre. Pour être tout à fait franc, il ne l'aurait jamais tué ce jour là. Il aurait très bien pu lui coller son arme entre les deux yeux, et être débarrassé de la belle brune à tout jamais. Moins de 30 secondes, et il mettait fin à cette misérable existence, entièrement dévouée au bon plaisir de la Division. Elle n'aurait manqué à personne. Seulement pas dans cet état, pas sans effort, pas sans combattre. Il aurait tué n'importe quel autre agent de cette foutue division. Pas Valentina. Elle méritait mieux que ça. Elle méritait un véritable affrontement, elle méritait qu'on lui botte le cul en beauté. Elle méritait le sourire satisfait de Grayson, quand elle lui implorerait sa pitié.

"Et tu considères cette dernière mission comme une victoire peut-être ? Vous vous contentez de peu à la Corporation" Grayson sourit, encore et toujours. Dans toutes les situations, jusqu'au plus désastreuses et laborieuses, Grayson ne quittait pas ce sourire en coin toujours à la limite de l'ironie. Avec la vie qu'ils menaient tous, garder un sens du grotesque et du ridicule était nécessaire... tout simplement car il vivait cette blague en permanence. Ne vous méprenez pas cependant, il prend son combat personnel très au sérieux, seulement il est aussi très conscient de l'absurdité de cette petite gueguerre qui ne mène finalement à rien. Il décide juste d'en garder le côté comique, et de le mettre au service de la Corporation. Et qu'il en crève si il le faut, ça ne le dérange pas du tout.
Le beau brun allait se faire tirer dessus d'une seconde à l'autre, connaissant Valentina. Tellement prévisible... "Allez, trêve de blabla." Grayson profita du fait que Valentina sorte son couteau de sa veste, pour retirer rapidement la sécurité de sa Beretta 92, chose qu'il n'avait pas eu le temps de faire avant que son adversaire entre dans la pièce. Il se décala d'un geste vif quand elle lui lança son couteau. Grayson n'avait que trop conscience des talents de Valentina pour ne pas prendre au sérieux ce genre de tentative. L'arme avait atterrit pile à l'endroit où sa tête se trouvait il y a encore 2 secondes, c'est à dire devant la fenêtre.

Grayson profita de ce moment pour balancer l'armoire de la petite chambre directement sur Valentina, puis pour tirer 3 coups. Pour l'opération discrétion, c'était raté. Non seulement Grayson ne remplirait pas les objectifs de sa mission, mais en plus, il devait avoir alarmer tout le personnel hospitalier. Belle réussite.

Il est communément admis qu'il existe de nombreux mystères dans la vie. L'Amour que l'on écrit avec un grand A. La Mort que j'écris avec un grand M. Mais pour moi, il n'y avait qu'un seul vrai mystère, une seule énigme non élucidée. Je ne comprenais pas comment Grayson avait réussi à s'en sortir à chacune de nos rencontres. Attendez, fallait être réaliste. J'étais l'agent parfait de la Division, une de leurs plus grandes réussites. J'étais née pour ça. J'avais une expérience inégalable, des qualités techniques exceptionnelles, des qualités physiques brillantes et des aptitudes mentales incomparables. En toute modestie en plus. Alors quelqu'un pouvait-il m'expliquer pourquoi un avorton comme lui parvenait à me résister ? Bon, avorton était certes un peu exagéré car il avait lui aussi quelques qualités le bougre. De bons réflexes, un certain savoir-faire et une bonne tête. Oui, il était assez fut-fut le Grayson. Et puis il avait le cul bordé de nouilles aussi. Ça m'arrangeait bien de penser que la chance était la principale cause de sa survie. Ça et peut-être autre chose.

* * * * *

Nous sommes en 2010. Février 2010. Le 14, pour être précise. J'arrivai sur la scène du crime, une petite chambre située au premier étage de l'aile ouest d'une superbe demeure de style fédéral. Je croisai deux agents de la Division dans le couloir menant à la chambre, me confirmant que la cible avait bel et bien été éliminée. Ils me rapportèrent également que la Corporation était venue jouer les trouble-fêtes, mais qu'ils avaient à présent déguerpi en constatant l'échec de leur mission de sauvetage. Selon leurs dires, ils avaient même blessé l'un d'entre eux. Je regrettai qu'ils ne l'aient pas tué tout simplement. Je me serais fait un plaisir de le nettoyer lui aussi. Les deux agents quittèrent les lieux, me laissant accomplir mon travail. Le corps gisait sur un magnifique tapis persan, les yeux écarquillés et la bouche légèrement entrouverte. Étranglé, comme convenu. C'était à moi maintenant de faire passer cela pour un suicide. La procédure était routinière. Enfiler mes gants. Manipuler le corps pour laisser ses empreintes digitales sur la chaise et la corde dont il s'était soi-disant servi pour mettre fin à ses jours. Enlever celles des agents de la Division, notamment celles autour de son cou. Nouer la corde à une poutre du plafond. Suspendre le co... Entendre un bruit suspect en provenance de la pièce voisine. Interpellée, je levai la tête à la recherche d'une quelconque information visuelle. J'étais certaine d'avoir entendu une fenêtre s'ouvrir. Était-ce un éventuel témoin du meurtre ? Je souriais à cette pensée. J'allais peut-être pouvoir tuer. En moins de 3 secondes et dans un silence de mort, j'avais sorti mon fidèle Raging Bull et je me tenais devant la porte séparant les deux pièces, main sur la poignée. L'instant d'après, je l'ouvris à la volée et pointai mon arme sur... Grayson. Apparemment la Corporation n'était pas encore tout à fait partie. Assis à la califourchon dans l'embrasure de la fenêtre, il ne parut pas surpris. Moi, si. Dans son sourire ironique, il me lança: "Et bah alors ? Tu fêtes pas la Saint Valentin avec ton amoureux ?". Cette réplique me déstabilisa complètement. Un amoureux moi ? Est-ce que j'avais une tête à avoir un amoureux ? Je ne comprenais pas toute l'ironie du propos, parce que je ne savais pas en réalité ce que c'était d'être amoureuse. Ni d'être aimée. Je ne savais pas ce qu'était l'Amour avec un grand A. Était-ce pareil que l'amour que je portais à mes revolvers ? Que l'amour que j'avais pour la Division ? On en revenait à ce fameux mystère de la vie qui ne m'avait jamais préoccupée. Quoi qu'il en soit, toutes ces élucubrations mentales m'avaient perturbée. Et Grayson put aisément lire cette confusion dans mes yeux. Trop heureux de voir que je ne réagissais pas, il sauta dans le vide sans demander son reste. Je restais apathique pendant 10 secondes. Et puis, comme s'il ne s'était rien passé, je retournais à mon ouvrage.

* * * * *

Grayson esquiva habilement le couteau que je lui lançai. Je n'en attendais pas moins de lui. En revanche, je me pris l'armoire qu'il m'envoya en pleine poitrine, ce qui eut pour effet de me couper le souffle. 3 coups retentirent alors. La première balle atterrit directement dans l'acier de l'armoire, les deux autres à une vingtaine de centimètres de ma tête. Je retirai ce que j'avais dit auparavant sur Grayson: ce mec n'était vraiment pas futé. Non mais sérieusement il n'aurait pas pu installer un silencieux ? V'là qu'il venait d'alerter tout l'hôpital ! Chose que l'on me confirma à mon oreillette: "Val, des agents de sécurité se rapprochent de votre position. Ils seront là dans moins d'une minute." Mes dents grincèrent. J'étais déjà passablement énervée par l'imbécilité de mon adversaire, il ne fallait pas en rajouter avec les pions de mon propre camp. "Ne m'appelle plus jamais comme ça, à moins que tu n'aies envie que je te fasse avaler ta propre langue." On bafouilla à mon oreille: "Oui... euh... et l'équipe d'extraction est prête Valentina."
Tout en tapant la discute avec la Division, je tentai d'éradiquer le boulet qui était dans la même pièce que moi, et qui venait donc de démontrer toute l'étendue de sa bêtise. Je repoussai l'armoire médicale du côté de la porte et tirai, une fois, sans réellement viser. Rapidement, je m'avançai vers lui pour engager un combat rapproché. Je savais que j'aurais l'avantage dans ces conditions. Il m'attaqua de son poing droit. Je bloquai son bras de mes deux mains et profitai de la force ainsi engendrée pour le lui tordre. Me déplaçant dans son dos, je lui décochai un coup au menton avec ma main droite, qui tenait toujours mon revolver. Enfin, je le déséquilibrai et le projetai au sol. L'arme de Grayson fut projetée à travers la fenêtre grande ouverte. Il était à terre. Le regardant de haut, j'annonçai avec un large sourire:

- Échec.

Spoiler:

Valentina était une véritable énigme pour Grayson. Il n'avait évidemment aucun doute sur ses capacités physiques, ses nerfs d'acier, ou encore son envie de tuer tout ce qui bouge, mais ses motivations le laissaient perplexe. Il n'arrivait pas à la comprendre, hors du champ de bataille. Elle a bien sur d'indéniables qualités sur le terrain, en toute objectivité. Même si Grayson a du mal avec l'idée, elle s'est tout de même débrouillé pour rester en vie tout ce temps. Peu d'agents peuvent se vanter d'avoir eu une "carrière" aussi longue que la sienne. Cela fait seulement quatre ans que Grayson joue à ce petit jeu, rien du tout en comparaison de la petite fille qui tuait déjà sans sourciller à peine sorti du berceau.
Aussi, il ne comprenait pas comment elle acceptait d'être traité comme un vulgaire pantin par la Division. D'après Ace, chef de la Corporation -type qui change de nom de temps en temps xD, sa mère était une agent, avant qu'elle ne se fasse refroidir. En tant que personne "normale", la jeune femme devrait être un minimum révolté par la situation, ou du moins ne pas l'accepter. Mais non, elle ne doit avoir absolument aucun sens commun. Elle se contente d'obéir, et de faire ce qu'on lui dit, comme un bon pitbull qu'elle est.

Et c'est peut-être de là, que vient la haine de Grayson envers Valentina. Pour ça qu'il en fait une affaire personnelle, qu'il apprécie autant qu'il redoute chacune de leurs rencontres. Parce que la Division a causé la perte de leur unique parent à tout les deux, que la Division a fait d'eux des orphelins, mais qu'ils ont prit des chemins totalement opposé. Au fond, Grayson espère juste que Valentina ouvre un jour les yeux, et qu'elle fasse le plus de dégâts possible à la Division.

"L'équipe d'extraction va prendre plus de temps que prévu Grayson, il va falloir que tu trouves autre chose" Voila, pourquoi il avait tiré, et qu'il avait délibérément fait du bruit. Livré à lui-même face à Valentina, ses chances de survie s'avéraient faibles. Rajoutez quelques curieux qui ont entendu du bruit à l'équation, et ses chances augmentaient. Encore plus si les forces de l'ordre se mêlaient à leurs histoires. S'il était resté en vie jusqu'ici, ce n'est pas seulement grâce aux muscles, mais aussi car sa tête est aussi bien faite qu'elle est pleine. Et aussi car il a le cul bordé de nouilles, Valentina a raison. "4 agents de la sécurité arrivent Gray, Je ne sais pas qui a tiré, mais votre petit numéro a alerter tout l’hôpital." Grayson n'eut cependant pas le temps de se réjouir une seconde, que Valentina arrivait à la charge. Il tenta de lui asséner un coup, mais fut stopper dans son élan, et mit à terre en deux temps trois mouvements par la belle brune. Le choc lui coupa le souffle, et il mit quelques secondes pour s'en remettre. Son arme envolé, il se retrouvait sérieusement désavantagé. "Échec." Grayson reprit son souffle, et d'un geste, il agrippa le pied de Valentina, pour la faire trébucher. A elle de se retrouver par terre! Le temps qu'elle réagisse, il sortit le couteau qu'il avait dans sa chaussure.

- Ne te réjouis pas trop vite, j'ai encore de la ressource.

Essoufflé, il se releva finalement, les yeux un coup rivé sur Valentina, un coup sur la fenêtre, qui représentait son unique sortie de secours, maintenant que les agents de la sécurité avaient été alerté de leur présence. Ils les entendaient d'ailleurs arrivé. D'après lui, ils étaient à l'autre bout du couloir, et couraient jusqu'ici. Finalement, les coups de feux n'avaient pas été l'idée du siècle. Sans ça, il aurait pu s'échapper tout de suite, sans faire de vague.