« Nous pouvons l’arrêter, Cataleya et tu peux nous y aider. ». Je redresse la tête et mes yeux verts recouverts d’un voile de larmes finissent par croiser le regard bleu électrique de cet homme à la chevelure poivre et sel qui est venu m’aborder quelques minutes plus tôt en se présentant sous le nom de Percy Wheeler. C’est un homme charismatique, calme et sûr de lui qui a quelque chose d’intimidant, effrayant presque, mais il dit faire partie d’une organisation secrète luttant contre le réseau de mon père et au fond de moi, j’ai sincèrement envie de le croire. Il semble tout connaître de moi, jusqu’aux doutes qui m’assaillent à cet instant précis.
« Donnez-moi une seule bonne raison de vous faire confiance. ». Percy me regarde, nullement vexé et sourit. Il me donne l’impression d’être un homme qui n’est pas très habitué à ce qu’on lui dise non, tout comme il semble pourvu d’arguments visant à me faire changer d’avis.
« Pourquoi refuserais-tu l’aide d’un homme qui pourrait te faire sortir de cette cage dorée dans laquelle tu vis depuis des années ? » me répond t-il, imperturbable. Je baisse de nouveau la tête, forcée de reconnaître qu’il marquait un point. Fuir. Je n’ai voulu que ça à la minute où j’ai croisé mon père. Sa question purement rhétorique me remue au point de faire émerger de vieux souvenirs qui restaient profondément ancrés en moi, comme marqués au fer rouge.
« Il est grand temps pour toi de prendre ton envol, petite Cataleya. ». Mes sourcils se froncent d’inquiétude.
Petite Cataleya. C’était comme ça que ma grand-mère me surnommait. Ma famille a toujours été un point sensible pour moi, la seule chose qui me rend particulièrement influençable. Je redresse de nouveau la tête, mais cette fois-ci je sens que mes traits sont marqués par la détermination.
« Que dois-je faire ? ». Percy m’adresse un sourire beaucoup plus franc et je vois passé dans son regard un éclair machiavélique qui m’arrache un frisson désagréable ; quelque soit la méthode employée pour venir à bout de mon père, je sais d’avance qu’il ne lui fera pas de cadeaux, et quand bien même, il m’en a assez fait bavé pendant des années pour que je lui accorde le bénéfice du doute.
« Le moment venu, tu devra nous laisser entrer. ». Je n’aurais qu’un rôle de figurant, en quelque sorte. Je finis par acquiescer d’un air entendu.
« Nous te contacterons prochainement. A bientôt. » me dit-il avant de s’éclipser une bonne fois pour toute, un autre homme beaucoup plus froid sur ses talons. Tandis qu’il s’éloigne, le brouillard se lève dans mon esprit et une nouvelle question me taraude : qu’adviendra-t-il de moi une fois qu’ils l’auront arrêté ?
[…]
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