Fils de... C'était la phrase qui tournait en boucle dans ma tête depuis plusieurs minutes alors que je me regardait dans la glace de ma salle de bain. La marque rouge de coup sur ma joue était légère certes, mais elle était visible, et surtout mon bras était dans un sale état. Cela faisait plusieurs minutes que je regardait la blessure, juste en dessous de mon épaule, comme si j'espérais qu'elle finirait par disparaître. La balle ne m'avait qu'éraflée, mais même s'il n'étais qu'un bureaucrate en travaillant à la NSA Shane saurait forcément reconnaître une blessure de ce type là. Je pouvais pas inventer de mensonge du genre je suis tombée dans mon escalier, non c'était impossible, il allait deviner que c'était une blessure par balle, même si elle était légère. Il finissait tard ce soir, je devais le rejoindre directement à son appartement après l'heure du dîner. Si je n'y allais pas il se poserait des questions. Et je n'avais pas envie de ne pas y aller, peut être que c'était égoïste mais c'était comme ça. Je ne l'avais pas vu pendant 48h et il me manquait déjà. Je me détestais presque d'être aussi accro, c'était bien la première fois de ma vie. Je me détestais aussi pour ce que j'étais, de devoir cacher la vérité à Shane, de devoir lui mentir, de devoir mentir à mon frère également. Parce que la corporation ne devait pas savoir, et j'avais peur que Ryan ne tente de me faire la morale, ou je ne sais quoi encore. Non tout ça c'était des excuses.

La véritable raison c'était que je voulais protéger Shane du monde auquel j'appartenais. Alors la corporation ne pouvait pas apprendre son existence. Mais j'avais aussi peur, peur que si il venait à découvrir ce côté de moi, il prenne peur et prenne ses jambes à con cou. Parce que n'importe quel type normal aurait pris ses jambes à son cou non ? Nous n'étions pas tout à fait normaux, faut l'avouer, à la Corporation. Disons pas particulièrement équilibrés. Notre façon de voir le monde était particulière, et notre combat contre la Division nous avait tous changé. Tous. J'avais même vu mon propre frère changer au fur et à mesure des années. Nous avions tous perdu une partie de nous dans ce combat, pour les plus jeune leur innocence, pour les autres, pour la plupart toute capacité au bonheur tel qu'un être humain lambda le voit. Je ne me pensais pas capable d'avoir une vie normale un jour.
Puis Shane était arrivé, et il avait ébranlé mes croyances. Et je m'étais dit et si ? Les mois avaient passés, et chaque jour je me surprenait à rêver un peu plus fort d'une vie sans la Division, sans la Corporation, loin de tout ça et libérée de mes engagements. Partir avec lui, dans un endroit ou personne ne pourrait me retrouver, surtout un endroit où je serais juste Genesis, avec l'homme qu'elle aime...

Quand est-ce que je m'en était rendue compte ? Que j'étais amoureuse de Shane ? Amoureuse, autrefois je n'aurais même pas imaginé possible de m'attacher, mais il m'avait changée. Je n'étais plus cette fille particulièrement volage, et très peu intéressée par une relation sérieuse. Pourquoi lui ? Qu'est ce qui était différent ? Je n'aurais su l'expliquer. Je savais juste qu'il l'était. Et que j'aimais ça, bizarrement j'aimais me sentir stupide dans ses bras, j'aimais ne pas pouvoir imaginer l'idée de passer plus de 48 heures sans le voir.
C'est donc pour cette raison qu'après avoir serré les dents pour ne pas trop sentir la douleur, j'avais doucement tamponné ma blessure avec un coton imbibé d'alcool, fermant les yeux sous la morsure de l'alcool sur ma plaie encore fraiche. J'attrapai une bande de tissus blanche, avant de l'entourer autour de mon bras en m'appliquant pour recouvrir toute la plaie. Peut être qu'il ne poserait pas trop de question, et que je pourrais me contenter de jouer la carte de la maladresse.

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Montant rapidement les marches qui menaient à l'appartement de Shane, je m'étais arrêtée quelques secondes devant la porte, frappant une fois, puis deux. J'attendis quelques secondes, avant de froncer les sourcils et de fouiller dans mon sac à la recherche de mon double des clés. Il me l'avait fait faire deux semaines auparavant, après six mois de relation, et j'avais été plus que touchée. Il 'avait pas le double de mon appartement, pour quoi faire de toute façon ? Il n'y avait encore jamais mis les pieds, j'étais toujours coincée à l'étape « je n'assume pas mon appart, mon matelas par terre dans le salon mais je ne trouve pas le temps de changer tout ça ». Dès que j'aurais rendu tout ça un peu plus présentable, Shane aurait un double des clés. Mais pour le moment je préférais éviter, je voulais pas qu'il parte en courant. J'avais toujours vécu comme ça, le strict minimum, un matelas deux places dans le salon, une télé, une cuisine une table. Mon appartement était immense, mais je n'utilisais pas la moitié des pièces. Le seul extra que je me permettait c'était une pièce transformée plus ou moins en dressing. Mon appart donnait un peu l'impression que j'étais toujours prête à partir sans rien laisser derrière moi. Je ne voulais plus donner cette impression, je n'aurais pas laissé Shane derrière moi.
Tournant la clé dans la serrure, j'avais doucement poussé la porte. « Shane ? » Hésitante, j'étais entrée dans l'appartement, refermant la porte derrière moi. J'avais fait quelques pas, avant de trouver Shane dans son bureau, visiblement absorbée par ce qu'il y avait sur l'écran de son ordinateur, et des écouteurs dans les oreilles. Il devait très certainement bosser. J'étais restée dans l'encadrement de la porte, ne voulant pas m'approcher pour ne pas le déranger dans son boulot. Puis je ne voulais pas qu'il pense que j'essayais de voir l'écran derrière son épaule. Mais il avait relevé les yeux vers moi, et s'était levé pour se rapprocher. M'approchant de lui, passant mes bras autour de son cou j'avais déposé rapidement un baiser sur ses lèvres. « Encore en train de bosser ? Tu t'arrêtes jamais ? » J'étais finalement sortie du bureau, laissant tomber ma veste sur le canapé. De toute façon il devrait bien voir mon bandage tôt ou tard, autant qu'il n'ait pas l'impression que j'ai tenté de lui cacher quoi que ce soit. Laissant mon regard se perdre quelques instant dans le vague, j'avais senti sa main se poser doucement sur mon épaule, juste au dessus de la blessure. Que j'étais conne, il avait du de toute façon déjà remarquer le léger bleu sur ma pommette. Me tournant face à lui, je lui offris un de mes plus beaux sourires. J'avais surpris son visage sur mon bras, bien sur qu'il voulait des explications. « Oh ça c'est rien, je suis juste... » Pourquoi j'avais hésité ? Pourquoi putain ? Il allait sentir que quelque chose n'allait pas, que quelque chose clochait. Rapidement, je m'étais reprise. « Je suis tombée au bureau. Je suis pas maladroite pourtant mais là je me suis pas ratée ! » Excuse minable. Mais j'espérais qu'avec un sourire ça passerait quand même.

❝there’s plenty of time to sleep when we die❞

Une prostituée. Voilà ce qu'Alcide avait l'impression d'être à l'heure actuelle. Certes, il ne monnayait pas ses charmes - à vrai dire, un homme avec ce physique n'en a pas besoin, mais l'attitude était semblable. Il était obligé de se donner à Genesis, bien que cela ne lui faisait guère plaisir. N'importe quel homme normalement constitué aurait apprécié une mission d'une telle envergure, mais pas lui. Parce qu'il était obligé de fricoter avec l'ennemi, et que l'ennemi en question le dégoûtait, due à son appartenance au clan adversaire, justement. Il se regardait dans le miroir, plongé dans ses souvenirs. Alcide, non, Shane. Il en oubliait sa véritable identité. Pourtant, il était Alcide Mellark que pour très peu de gens. Il avait été Noah Carmicheal, Seth Walkins, Blaze Lancaster, et tant d'autres, jusqu'à devenir Shane Ryback, agent de la NSA. Ce changement constant d'identité était très bien accueilli jusqu'à cette mission, car il ne restait ces hommes qu'une poignée de jours, une semaine au grand maximum. Puis, Ryback était arrivé. Six mois. Six longs mois qu'il était devenu ce type, l'exact contraire d'Alcide. C'en était presque de la schizophrénie.

Six mois qu'il jouait au type aveuglé par l'amour, alors que lui-même avait mis une croix sur ce sentiment depuis bien longtemps. Forcément, cela l'aidait à mener à bien sa mission, c'était l'une des nombreuses raisons pour laquelle c'était lui qui avait été assigné à ce rapprochement avec la fille du fondateur de la Corporation, et pas un autre. Six mois qu'ils jouaient à ce merveilleux couple, alors que les sentiments n'étaient réels que pour une personne. Et cette personne n'était pas Alcide. Six mois. Et aujourd'hui, il était à nouveau obligé de subir cette comédie sans queue ni tête - enfin sans tête surtout. Il s'était précédemment donné rendez-vous, ce soir. Alcide avait prétexte finir tard le travail, alors qu'en réalité, il avait passé la journée à glander comme un malpropre. Il préparait sa séduction de ce soir, et dieu sait que ce n'était pas une chose facile pour un homme comme lui. Oh, il adorait séduire, là n'est pas le problème, et il était plutôt doué dans son genre. Mais pas pour séduire cette ... femme-là. Oh non. Cela relevait du défi, voir de la punition. Mais Alcide était loyal envers la Division, et c'était une mission pouvait rapporter gros, même si après six mois de relation, Genesis n'avait toujours rien craché quant à la Corporation. Mais ce soir, peut-être que ce soir, grâce à sa nouvelle stratégie, tout cela changerait. Il l'espérait.

Le rendez-vous était fixé, et l'heure approchait dangereusement. Alcide se sortit enfin de sa léthargie afin de travailler sur l'impression qu'il était fatigué de sa dure journée. Il se mit à courir sur son tapis durant une heure ou deux, avant de filer sous la douche. Le sport était essentiel à son humeur, et il avait besoin d'être au top de sa forme ce soir. L'après-midi se passa plutôt bien, il échappait à la corvée du repas. Il n'avait rien à préparer, et il n'avait pas besoin de jouer son gros lourd romantique qui se tue à faire un magnifique repas en tête-à-tête pour sa belle. C'était déjà ça. Alcide et Genesis avaient convenus de se retrouver après l'heure du souper, ce qui inaugurait une nouvelle nuit dans les bras de la jeune femme, ce qui ne le réjouissait guère. S'impatientant, n'aimait pas donner l'impression d'avoir attendu après la demoiselle, il décida de se plonger dans le travail, et d'avancer -enfin- les rapports qu'il devait à Percy concernant cette mission. Et il se mit à travailler d'arrache-pied.

Il était tant absorbé par l'écriture de son rapport quotidien, qu'il en oubliait la visite de sa cible, qui ne devrait pas tarder. À vrai dire, ce fut elle qui le rappela à l'ordre, quand il aperçut sa silhouette devant lui. Il enleva aussitôt ses écouteurs, et fermait rapidement son ordinateur. Ne sait-on jamais, bien que son prénom ne soit jamais cité, mais plutôt sous-entendu grâce à des noms de codes tels que ''la mission, la chose, la cible'', tout dépend de son humeur à ce moment-là. Il s'approcha de la demoiselle, tandis que cette dernière l'entourait de ses bras et déposa un rapide baiser sur ses lèvres. Faudra qu'il pense à se désinfecter par la suite. « Tu m'as fait peur. » dit-il, un doux sourire sur les lèvres. C'était une réplique typique des amoureux, une de ses phrases qui sentait bon la licorne arc-en-ciel, une de celle qu'il détestait prononcer mais dont il était forcé. « Encore en train de bosser ? Tu t'arrêtes jamais ? » Il esquissa un maigre sourire, avant de se frotter le visage avec les mains. Non, il ne s'arrêtait jamais. Si seulement elle savait que l'objet de son travail n'était pas des missions pour la National Security Agency, mais bien elle, Genesis Oak-Meadow. Il savait ce qui l'attendait. Une nouvelle dose d'amour et d'eau fraiche, de petit bonheur aussi parfait qu'un épisode de la petite maison dans la prairie. Les relations humaines avaient toujours été son fort, mais seulement lorsqu'il s'agissait de manipulation, et non de relation amoureuse. Alcide pouvait peut-être amoureux, un jour, mais jamais il ne tomberait amoureux de Genesis comme elle, elle était tombée amoureuse de lui.

Il observa la jeune femme de longues minutes, jusqu'à ce qu'un bandage attire son oeil. Il resta silencieux quelques minutes, ne quittant pas son bras des yeux. La jeune femme avait probablement merdé lors d'une mission. Ce qui, en réalité, n'avait rien d'étonnant. Genesis n'était pas capable de discerner ses amis de ses ennemis, il en était la preuve vivante. Elle avait été incroyablement facile à séduire, à manipuler, alors qu'il représentait l'ennemi. Alcide se mit à rire intérieurement à cette idée. Quand elle découvrira la vérité, si toutefois elle le découvre un jour, elle tombera de son piédestal. Et cela lui fera le plus grand bien. Il se mit à rêver, à tel point qu'il en oubliait la demoiselle. Il prit une mine inquiète, de celle qui ne laisse pas le choix quant à un éventuel mensonge. « Oh ça c'est rien, je suis juste ... » Il n'écoutait que d'une oreille. À vrai dire, il s'en fichait comme de sa première conquête. Genesis avait bien pu être violée, battue, découpée à la hache, cela ne lui faisait rien. Il ne ressentait rien. Alcide n'en avait rien à faire de Genesis, et même après six mois de relation - bon dieu que ce mot lui faisait mal, il n'avait pas une once de sympathie pour elle. Malgré tout, son air triste et inquiet ne le quittait pas. « Gen' ... » dit-il d'une voix faible et inquiète, comme s'il était prêt à verser une larme - chose qu'il ne ferait jamais, surtout pas pour elle. « Je suis tombée au bureau. Je suis pas maladroite pourtant mais là je me suis pas ratée ! » Oui bien-sûr, et Alcide est le pape. Quelle idiote, cette gonzesse. Il peina à retenir un soupir d'exaspération. Cependant, en grand professionnel, il savait désormais cacher ses véritables sentiments, bien même qu'il fallait remplacer la haine, la colère, l'exaspération par de l'aveuglement, du bonheur et de l'amour. Ainsi donc, il passa délicatement sa main sur le visage de celle supposée être sa compagne, effleurant du bout des doigts le bleu qu'elle avait sur la pommette. « Genesis, je ne suis pas stupide. Qu'est-ce qu'il s'est réellement passé ? » Alcide fixait la jeune femme de ses yeux bleus perçant, essayant de convaincre en un regard de lui avouer la vérité. Stupide. Lui ne l'était pas, mais elle si. À quoi pensait-elle en balançant ce mensonge simplement incroyable ? Il fallait être stupide pour ne pas deviner qu'elle ne dévoilait pas la vérité. C'était déjà quoi, son soi-disant travail ? Celui qu'elle avait dévoilé à Shane ? Architecte, ou assistante, quelque chose dans le genre. Même un handicapé mental aurait compris qu'elle mentait. Ah, sincèrement, c'était difficile de ne pas paraître exaspéré face à cette créature des plus idiotes.

Il avait l’air fatigué, ou bien avait-il passé un moment derrière son ordinateur, en tout cas il avait les yeux éclatés. Il ne parlait pas énormément de son boulot, je savais qu’il bossait à la NSA, mais pas réellement plus. Il n’avait pas un boulot dangereux, c’était un truc qui je dois bien l’avouer me rassurait. Je ne voulais pas qu’il prenne de risque, comme je ne voulais pas que Ryan prenne de risque. J’avais toujours eu du mal à accepter à ce que mon frère adoptif travaille à la corporation lui aussi, bien qu’il ne soit qu’un informaticien et qu’il au final peut sa vie. Savoir qu’il se faisait des ennemis suffisait pour que je sois morte de peur pour lui. Et j'étais bien contente que ce ne soit pas le cas de Shane.

Ryan, Shane, j'aurais aimé pouvoir les présenter. Je n'étais pas sure que Ryan apprécierait Shane, parce que Ryan avait des critères assez spéciaux pour juger les gens, et plus particulièrement les hommes qui m'entouraient même si aucun n'était jamais resté longtemps. Mon frère était particulier de toute façon, c'est pas une grande nouvelle ça. Par contre Shane ne pouvait qu'adorer mon Ryan, il était un peu spécial comme personne, mais Shane était quelqu'un de profondément gentil. Et avec de la patience et de la gentillesse, mon frère était la personne la plus agréable du monde ! Mais non, je ne devais pas les présenter. Je ne pouvais pas présenter Ryan a Shane parce qu'il finirait forcément pas faire un gaffe, et ce même si je lui expliquais la situation et les mensonges dans lesquels je m'étais empêtrée, et je ne pouvais pas présenter Shane à Ryan parce que je craignais pour lui. Je ne voulais pas que la Corporation apprenne son existence, parce que je ne voulais pas prendre le risque de l'attirer dans mon monde. Souvent j'avais envie de lui dire la vérité à mon sujet, de pouvoir être honnête. Mais plus encore je voulais le garder en vie, et je devais aussi un peu l'avoue, le garder prêt de moi. Parce que oui j'avais peur de quelle pourrait être sa réaction s'il venait à apprendre qui j'étais, qui j'étais réellement. Je n'étais pas cette fille mignonne et gentille. J'étais une tueuse, j'étais persuadée de me battre du bon côté de l'équation, mais je restais une tueuse.

C'était à ça que je pensais, alors que je me tenais là à le regarder travailler. Pendant quelques secondes j'aurais voulu être capable de prendre mon courage à deux mains et de lui dire la vérité. Parce que la vérité il la méritait. « Tu m'as fait peur. » J'avais souris à cette phrase. Il avait l'air si concentré que c'était totalement plausible. J'aimais le voir concentré sur son boulot comme ça, il en était presque attendrissant. Et pourtant pour que quelque chose m'attendrisse moi, il fallait y aller. Mais on aurait dit que Shane faisait tout pour.

Quittant le bureau je m'étais dirigée vers le salon pour me laisser tomber doucement sur le canapé. J'étais heureuse d'être là, tellement heureuse de le voir que j'en avais presque oublié qu'il y avait un léger problème, un tout petit problème qui était bel et bien ma blessure. Parce que mine de rien j'avais toujours un bandage autour du bras et un bleu toujours visible malgré mes efforts sur la joue. Et Shane allait le voir, je le savais, et il me le ferait remarquer parce qu'il serait inquiet. J'en était presque sure. Et ça n'avait pas loupé, il s'était doucement approché et avait observé mon bras, puis mon visage.

« Gen' ... » Je n'aimais pas ce ton qu'il prenait. Parce qu'il me donnait envie de le serrer dans mes bras et de lui dire toute la vérité, mais je ne pouvais pas, parce que c'était pour lui que je la lui cachais. Je l'avais rassuré, mais pourtant j'avais le sentiment qu'il ne me croyait pas. Il s'était assis à côté de moi sur le canapé et avait doucement passé sa main sur ma pommette, là ou elle était violacée. J'avais fermé les yeux quelques secondes, avant de les rouvrir et d'attraper sa main dans la mienne pour y déposer un baiser. « Genesis, je ne suis pas stupide. Qu'est-ce qu'il s'est réellement passé ? » Quand il me fixait comment ça je me sentais fondre. Je n'avais qu'une envie face à cette inquiétude, c'était de l'embrasser. J'avais finalement lâché sa main pour poser la mienne sur sa joue avant de lui adresser un sourire amusé. « C'est rien, c'est vraiment rien faut pas que tu t'inquiètes... » M'approchant de lui j'avais à nouveau déposé un baiser sur ses lèvres, bien moins chaste que le précédent.

C'est de la triche ? Oui certainement, j'espérais ainsi réussir à lui faire oublier ses interrogations, ses inquiétudes. Je ne voulais pas avoir à me noyer dans un mensonge que je ne contrôlerai pas, dans un mensonge que je n'avais pas envie de lui raconter. Parce qu'au fond j'avais réellement vécu une journée éprouvante, et si je ne pouvais pas lui dire pourquoi, je ne pouvais pas être honnête, j'avais pour autant désespérément besoin qu'il me prenne dans ses bras. Je n'avais pas envie de parler, non j'avais rarement envie de parler, et certainement pas de choses aussi sensibles.

« C'est plutôt moi qui devrait m'inquiéter mister je travaille à la NSA. » Oui, je savais pertinemment qu'il n'était qu'un bureaucrate, pourtant c'était la dernière chose qu'on imaginait lorsqu'on le voyait, faut dire qu'il était plutôt bien bâti, mais c'était encore une fois une tentative pour détourner la conversation de mes blessures, qui ne pouvaient pas être dues à une simple chute comme je le prétendais. Me rapprochant de lui j'avais passé un bras derrière son cou et y avait déposé un baiser. « Tu m'as manqué pendant deux jours. » Non, même casée et sagement en couple je n'en étais pas pour autant une fille sage et raisonnable, et j'espérais que c'était aussi un peu ça que Shane aimait chez moi. Je m'étais mordue la lèvre avant de lui jeter un regard brulant de désir. Non, je n'étais pas une fille sage.

S'il n'avait pas rejoint la Division, Alcide aurait été un excellent comédien. Il n'y avait qu'à voir la façon dont il se comportant avec Genesis. Il était doué pour manipuler les gens, le jeune homme le savait très bien. Il était un peu prétentieux, mais il savait qu'il était doué. Après six mois de relation, Genesis n'avait pas encore soupçonné une seule fois Alcide. Ou alors, ces soupçons s'étaient avérés passagers, et ils avaient rapidement disparus. La demoiselle ne lui avait jamais semblé bizarre, ce qui prouvait bien qu'elle ne se doutait pas de ce qui se déroulait dès qu'elle avait le dos tourné. C'était d'ailleurs très drôle selon Alcide, puisqu'elle était l'un des meilleurs éléments de la Corporation, mais elle se faisait manipuler comme une débutante. Alcide était fier de cela. Il était fier à l'idée qu'un jour, lorsque la vérité éclaterait, on découvrirait quel fin manipulateur il était. À quel point il pouvait se montrer dangereux. Il n'était pas un psychopathe pourtant, du moins il n'en n'avait pas l'impression, mais il était dangereux. Le jeune homme pouvait retourner le cerveau et les idées de quiconque croiserait son chemin, et même de personne aussi importante que Genesis. Bon sang, que ce sentiment de puissance était agréable. À tel point qu'il se mettait parfois à rêver d'une promotion, ou du moins d'un meilleur rang. Malgré ses talents d'Agent, il n'était pas encore dans les bons papiers de Percy en tant qu'homme. Alcide avait bien remarqué que si le directeur de la Division ne lui faisait aucune remarque sur son travail - ce qu'il n'avait pas intérêt à faire en réalité - il ne pouvait s'empêcher d'être suspicieux sur l'homme derrière le rôle. Et il n'y avait aucune raison. Du moins, pas concernant un quelconque changement de camp. Alcide était convaincu que la Division était la seule agence secrète qui pouvait exister, et qui pouvait aider les autres, même en laissant des pertes humaines derrière elle. La Corporation n'était qu'une supercherie comme tant d'autres, et qu'il fallait éliminer. Le jeune homme pouvait comprendre que Percy le soupçonne. Probablement qu'un jour ou l'autre, il essayerait de manipuler le directeur, dans quelques années, quand son expérience se sera encore accentuée. Il ne préfère pas risquer sa vie sans raison. Cette fascination pour le comportement humain et sa facilité à être manipulé n'était clairement pas une bonne chose sur le long terme pour Alcide.

Le jeune homme s'était à nouveau perdu dans ces pensées, comme tant d'autres fois. Il avait quelques moments de faiblesses, mais qui n'entachait en rien son travail. Il reporta son attention sur Genesis, cette femme censée être son âme-soeur. Il la questionna sur son état physique, bien qu'au fond, il s'en fichait totalement. Il ne s'inquiétait absolument pas pour elle. C'était une grande fille et si elle n'était pas capable de discerner le danger de la tranquillité, c'était son problème. Elle était censée être un agent, Genesis devait donc connaître les dangers du métier. Mais Alcide devait garder en tête que Shane n'était qu'un pauvre bureaucrate, ignorant l'existence de la Division ou de la Corporation. Et Shane devait s'inquiéter pour elle. « C'est rien, c'est vraiment rien faut pas que tu t'inquiètes... » Le jeune homme dû faire un effort qui lui parut surhumain pour ne pas rire à cette remarque. Alcide ne s'inquiétait absolument pas pour elle, mais Shane si. C'était parfois difficile de jouer le rôle de ce type tout droit sorti d'une série familiale. Shane était bienveillant, doux, agréable, aimant, poli, sage. Tout le contraire d'Alcide, cet être manipulateur, associable, violent, brutal, fourbe. Il s'apprêtait à lui répondre, quand cette dernière s'empara de ses lèvres pour lui offrir un langoureux baiser. C'était la contrainte la plus désobligeante de sa mission, que d'avoir des contacts rapprochés avec elle. Il prolongea le baiser pour ne pas paraitre bizarre, avant de reculer son visage. Il lui adressa un fin sourire, plongeant ses prunelles dans les siennes. « Comme peux-tu dire ça ? Même si tu venais à te casser un ongle, je m'inquiéterais pour toi, Gen. » Un nouveau sourire bienveillant et une caresse sur la joue plus tard, et il mit à nouveau la demoiselle dans sa poche. « Et je ne suis pas un homme facile. Ça ne marche pas avec moi, cette petite séduction. » lui dit-il avec un clin d'oeil. En réalité, cela marchait sur Shane, Genesis le savait très bien. Il jouait avec elle, rentrait dans son rôle comme le brave soldat qu'il est. « C'est plutôt moi qui devrait m'inquiéter mister je travaille à la NSA. » Il eut un léger rire. Oh, son travail à la NSA était épuisant, puisque inexistant et consistant en un mensonge très bien organisé. Elle déposa un nouveau baiser, dans le cou cette fois, ce qui ne manquait pas de lui être désagréable, mais il n'en montra rien. « Tu m'as manqué pendant deux jours. » Deux jours ? Cela ne faisait que deux jours qu'ils ne s'étaient pas revus ? Ce n'était pas assez pour le jeune homme... « Toi aussi. Deux jours sans toi fut une éternité. » ... mais il n'en montrait rien. Il croisait son regard, comprenant très bien où elle venait en venir. Il se répétait sans-cesse qu'il était obligé de passer par là, et qu'il ne devait surtout pas soupirer ou être distant. Heureusement pour Percy et pour le bon déroulement de cette mission, Alcide était le genre d'homme à prendre son rôle très à coeur, et en tant qu'Agent, à presque se sacrifier pour le bien de ces missions, et il le prouvait très bien en acceptant ces contacts avec la jeune femme. Il passa ses bras autour du cou de la demoiselle, l'approchant contre son corps et plongeant son regard dans le sien. « Tu sais, Genesis... un jour tu devras me dire la vérité sur toi, et arrêter de te cacher ainsi. » Il lui fit un petit sourire, avant de plonger son visage dans le cou de la demoiselle pour couvrir sa peau de délicats baisers.

Ma relation avec Shane était la bouffée d'air de mes quotidiens. A un tel point qu'à chaque fois que je voyais mon frère je n'avais qu'une seule idée, qu'une seule envie, tout lui raconter de ce qui était bel et bien la première relation stable que j'ai jamais eue. Ryan ne savait pas à quel point, mais il savait très bien que j'étais du genre à changer de mec toutes les semaines, et à préférer les relations d'un soir aux choses sérieuses. Je voulais lui parler de Shane, je voulais qu'il sache à quel point j'avais la sensation de ne jamais avoir été heureuse. Mais c'était impossible. C'était impossible parce que huit mois auparavant j'avais pris la décision de protéger Shane de la Corporation et de la Division, en lui cachant qui j'étais j'avais aussi choisi de lui cacher une partie de ma vie que j'estimais trop dangereuse pour lui. Et Ryan avait beau être mon frère, il travaillait aussi à la Corporation. Et j'avais beau lui faire totalement confiance, je ne pouvais pas, je ne pouvais pas prendre le moindre risque. La dernière fois que j'avais mangé chez lui, j'avais presque failli, presque failli lui dire que j'avais quelque chose dont je devais lui parler. Mais je n'avais pas pu. Parce qu'il n'y avait pas que ça, parce que d'un côté je n'avai pas peur de ce qu'il pourrait arriver à Shane si jamais il entrait dans mon monde, non j'avais simplement peur qu'il me quitte tout simplement. Qu'il me quitte parce que c'était trop dur pour lui, parce que je n'était pas celle qu'il pensait, je n'étais pas la personne qu'il pensait connaître, parce que j'étais le genre de personne capable d'abattre quelqu'un de sang froid. Et chaque jour ça me dévorait littéralement de l'intérieur, de devoir garder le secret. Parce qu'il y aurait un jour ou ça ne pourrait plus durer, parce que déjà Shane posait parfois des questions qui me destabilisaient et auxquelles je ne pouvais pas répondre.

« Comment peux-tu dire ça ? Même si tu venais à te casser un ongle, je m'inquiéterais pour toi, Gen. » J'avais souris. Je n'aurais jamais cru possible que quelqu'un puisse m'attendrir, mais parfois Shane m'attendrissait plus que je ne voulais bien l'admettre. « Et je ne suis pas un homme facile. Ça ne marche pas avec moi, cette petite séduction.» Il me fit un clin d'oeil, et j'approchai ma main, pour la poser derrière son cou. Approchant mes lèvres de sa joue, le les laissai glisser pour doucement aller lui mordiller le lobe de l'oreille, pour finalement chuchoter. « T'es sur de ce que tu avances ? » Finalement j'avais déposé un baiser sur ses lèvres.

Je le sentais absent. Son boulot ? Ou bien j'avais fait quelque chose ? Je n'aimais pas ça, jamais je ne l'avais senti aussi... Distant, oui, il était presque distant. Il me rendait mes baisers, il me souriant, mais je sentais que quelque chose clochait. Je n'aurais pas du m'inquiéter, je n'aurais pas du parce que des deux j'étais la seule à cacher toute une partie de ma vie, pas lui. Lui avait toujours été honnête, lui n'avais jamais cherché à me cacher qui il était. J'étais la seule qui devait plus d'honnêteté à l'autre, j'étais la seule qui devait parfois paraître distante. Je tentais de ne pas laisser mon boulot empiéter sur ma relation, mais c'était pas toujours facile.

« Toi aussi. Deux jours sans toi fut une éternité. » Un sourire c'était dessiné sur mon visage. Il arrivait à mes des mots sur ses émitions, d'une façon dont je ne savais pas le faire. « Tu sais, Genesis... un jour tu devras me dire la vérité sur toi, et arrêter de te cacher ainsi. » Après avoir dit ça il plongea dans mon cou pour couvrir ma peau de baisers, me laissant presque comme choquée par ce qu'il venait de dire. Je savais, je savais que Shane devait parfois ne pas croire à tout ce que je lui disais, mais je n'imaginais pas possible qu'il puisse à ce point paraître suspicieux. Je n'imaginais pas qu'il puisse se douter que ce que je lui cachais important. Réellement important. Me détachant quelques secondes de lui, j'avais plongé mes yeux dans les siens. Je voulais qu'il sache, je voulais qu'il sache que ce que je disais était sincère, qu'il n'y avait rien que j'avais jamais plus pensé que ce que je m'apprêtais à dire. « Shane je... Il n'y a personne, personne qui me connaisse mieux que toi. » Et oui, c'était l'entière vérité.

C'était ironique non ? Quand on savait tout ce qu'il ignorait de moi ? Mais quand j'étais avec lui tout ça ne comptais pas, la Coporation, la Division, ça n'avait plus aucune importance. Il connaissait des côtés de ma personnalité que personne n'avait jamais connu, dont même moi avant lui je ne soupçonnais pas l'existence. Cette fille amoureuse, presque fleur bleue et attendrie, cette fille romantique je ne la connaissais pas avant Shane. C'était la vérité, c'était la simple vérité.

Finalement je m'étais à nouveau abandonné à un baiser, que je prolongeai, pressant mon corps contre celui de Shane, l'allongeant sur le canapé j'avais enroulé mes jambes autour des siennes. J'avais posé ma tête contre son torse un instant, prenant une profonde inspiration avant de relever les yeux vers lui. J'aurais pu rester des heures à le regarder dans les yeux. Mais j'avais aussi désespérement envie de lui, besoin de sentir sa peau contre la mienne. Me mordant la lèvre et lançant un regard sans équivoque j'avais posé ma main sur sa chemise, pour commencer à la déboutonner, tout en tentant de chasser de mes pensées tout ce qui les parasitaient. Shane était contre moi, et ça me suffisait, je pouvais me contenter de ça toute la soirée, et parfois j'avais même l'impression de pouvoir me contenter de ça toute ma vie. Mais je savais que c'était impossible, au fond je savais que c'était impossible. Mais ce soir ça ne comptait pas, ce soir j'avais juste besoin de sentir la chaleur de son corps contre le mien.

Il n’aimait pas qu’on le touche. Il n’aimait pas le contact. Il détestait la plupart des autres êtres humains. Alcide était le genre de type plus soucieux de son téléviseur que des êtres qui l’entouraient. C’était ainsi depuis sa naissance, et cela le serait jusqu’à sa mort. La seule personne qui avait été capable de briser cette glace dont il s’entourait avait été sa sœur. Elle était celle qui l’apaisait, celle qui l’aidait à accepter la compagnie des autres, parce que c’était ainsi qu’il fallait agir. À son contact, il s’était ouvert aux autres pour lui faire plaisir. Il avait presque changé, devenant un adolescent à la conversation limitée, laissant aux oubliettes le gamin plongé dans un mutisme quasi-total. Tout cela était parti à la seconde même où il l’avait découverte inerte dans la baignoire. Cet événement, et ceux qui avaient suivi, avait façonné le Alcide d’aujourd’hui. Ainsi, ce contact aussi proche avec Genesis était une torture pour lui. Tout simplement parce qu’il n’aimait pas ça, il n’aimait pas le contact avec les autres, physique ou non. Ce n’était pas pour lui. Trop de contacts avec les autres rendaient faibles, c’était bien connu, et il voulait éviter à tout prix cela. Alcide rentrait dans le rôle de Shane, s’inquiétait concernant l’état de la jeune femme, et comme il put s’y attendre, elle mentit sur les véritables raisons. Quoi qu’il en soit, il se montra doux et prévenant lorsqu’il parlait avec la demoiselle. « T'es sur de ce que tu avances ? » Oui, il était sûr de ce qu’il avançait. Alcide n’était pas insensible aux charmes des demoiselles qui croisaient son chemin, mais il l’était face à Genesis. Alors, certes, c’était une femme à peu près bien disproportionnée, qui ressemble en tout point à une humaine normale. Et qui en plus, n’était pas difficile à satisfaire, à coup de ‘’tu m’as manqué’’ et compagnie. N’importe quel homme se serait satisfait de ses quelques conditions, mais Alcide ne voyait qu’un énorme point lumineux au-dessus de la tête de la jeune femme avec écrit ‘’ennemie, cible à abattre’’ ce qui enlevait tout ce qui pouvait être attirant chez Genesis. « Prouve-moi le contraire. » murmura-t-il sur un ton joueur, bien qu’il n’ait guère envie qu’elle s’exécute. C’était mal connaitre la demoiselle, qui après avoir joué avec son oreille s’occupa de ses lèvres. C’est la mission qui l’oblige, Alcide, c’est la mission qui l’oblige.

Le jeune homme la questionna concernant les mensonges qu'elle cachait. Ou du moins, Shane questionnait sa petite-amie si secrète, qui ne l'était pas pour Alcide. « Shane je... Il n'y a personne, personne qui me connaisse mieux que toi. » Alcide dû contenir un rire, ce qui lui semblait quasiment impossible. S'il avait été un simple civil comme les autres, s'il avait été simplement Shane et non Alcide, on pourrait dire que Genesis se foutait royalement de lui. Personne qui ne la connaissait mieux que lui ? Sérieusement ? C'était assez ironique sorti de la bouche de la jeune femme. Bien évidemment, Shane connaissait les manies, les habitudes ou encore les passions de Genesis. Il connaissait divers autres aspects de sa vie passée, mais ceux-ci étaient probablement des mensonges. Oui, Shane connaissait plutôt bien la vie de la demoiselle qui était sa petite amie. Heureusement qu'Alcide était là pour rétablir la vérité. À savoir que si elle s'était confiée à lui, c'était uniquement des mensonges. Et qu'elle était bien mal placée pour décréter qu'il l'a connaissait bien que personne. Ces amis de la Corporation ne savaient donc pas qui elle était réellement ? Il ignorait tant sur la femme qu'il côtoyait tous les jours ? Pitié. Il aurait voulu lui répondre, lui dire qu'elle se foutait bien de sa gueule, qu'elle lui mentait, qu'elle lui cachait son véritable métier ainsi qu'une bonne partie de ses intentions. Il voulait exploser, lui hurler dessus, rétablir la vérité. Lui dire qu'elle était stupide, dire qu'il était stupide de s'être impliqué dans cette mission. Plus que jamais, celle-ci pesait lourd sur ses épaules, sur ses nerfs. Il voulait exploser, mais il ne fit rien.

Il se contenta de sourire.

Son sourire faussement attendri, ému par les paroles de la jeune femme alors qu'il n'en était rien. Il était incapable de donner réponse sans rire. Il ne pouvait pas lui retourner le ''compliment'' sous peine de se griller, puisqu'elle pensait le connaître également, alors que ce n'était pas le cas. Elle connaissait Shane, et non Alcide. Mais un jour ou l'autre, elle ferait sa rencontre, et pas dans les meilleures conditions. À cet instant-là, il manquait cruellement de professionnalisme, et cela lui déplaisait fortement. Ainsi, pour toute réponse, il fit ce qu'habituellement le révulsait, à savoir entrer dans son petit jeu, s'abandonner à elle. À vrai dire, il en avait besoin plus que jamais. Il ne l'aimait pas, non, mais cela lui changerait les idées. Et peut-être que pour une fois, la vision du corps de Genesis ne serait pas synonyme de dégoût de par le fait qu'elle est l'ennemi, mais par gratitude pour l'empêcher de mettre en péril sa couverture à force d'une nervosité toujours plus grandissante. Leurs langues se mêlèrent dans un baiser de quelques secondes, il se retrouva contre le canapé, Genesis sur lui. Presque comme un robot, il fixa son regard dans le sien, et son esprit reprit sa place quand il sentit les mains de la jeune femme s'affairer sur sa chemise. La froideur des mains de la jeune femme contrastait clairement avec l'état d'esprit de cette dernière. C'était logique qu'elle ait envie d'un homme comme lui. Et cela l'était tout autant qu'il ait envie d'une femme comme elle. Du moins, pour sa mission. Alors, machinalement, ses mains vinrent jouer avec ses cheveux, ses épaules tandis que ses lèvres s'occupaient du visage de la jeune femme, puis de son cou. De ses mains habiles, le haut de Genesis se retrouva au sol. Tandis qu'il continuait de la couvrir de baisers, il ferma les yeux l'espace d'un instant, comme pour réunir toute la concentration dont il avait besoin pour faire abstraction de la destinataire de ces fameux baisers.

Si j'avais fait plus attention, si j'avais été moins stupide, moins naïve, si j'avais simplement ouvert les yeux j'aurais vu que Shane était ailleurs ce soir là, comme il était parfois ailleurs. Les rares fois où je le trouvais absent je me disais simplement qu'il avait du passer une mauvaise journée au boulot, et la plupart du temps ça passait. Mais ce soir là, ce soir là si j'avais été assez attentive, et moins aveuglée j'aurais vu, j'aurais vu qu'il y avait quelque chose d'anormal, que ces questions qu'il me posait mêlées à son absence, son détachement de la situation n'était pas normal. J'aurais compris que quelque chose clochait, mais seulement non, la seule chose qui comptait ce soir là c'était de pouvoir être proche de lui, de pouvoir sentir que si ma vie était un bordel sans nom, quelque chose que j'avais le sentiment de moins en moins maîtriser, malgré tout ça, lorsque je finissais pas rentrer il était là. Il était simplement là et j'avais l'impression qu'il ne risquait rien, que je pouvais continuer à mentir comme ça pendant des années, je que pouvoir juste fermer les yeux et avoir la sensation que ce n'était pas important. Que toutes les choses pour lesquelles je m'inquiétais en permanence n'étaient pas importantes. J'avais cette peur, cette peur au ventre qu'un jour je rentre et que le regarde que Shane pose sur moi ne soit qu'accusation et mépris, parce que ce jour là quelqu'un serait venu frapper à sa porte, ou parce que j'aurais fait une erreur qui m'aurait trahie, et que ce jour là il me regarderait comme s'il avait honte de moi, comme si tout ce qu'il ressentait en posant les yeux sur moi c'était le sentiment d'avoir totalement été trompé, trahit, et de ne pas me connaître. Pourtant c'était faux, bon sang ce que c'était faux, j'avais l'impression que c'était moi, c'était la vraie moi celle qui était avec Shane, et pas cette autre personne que j'avais pu être jusque là. Et pourtant c'était faux, j'étais loin de savoir à quel point c'était faux, à quel point Shane n'avait fait que m'utiliser du début jusqu'à la fin, me faisant miroiter quelqu'un que je n'étais pas, une futur qui ne serait jamais le mien, et auquel je n'étais même pas certaine d'avoir le droit. Ni même de le vouloir après tout, mais avec lui, avec lui j'avais l'impression que je n'avais jamais autant désiré quelque chose que cette vie rangée qui était tout sauf mon genre.

Dans ces quelques moments que je passait avec lui, j'aurais voulu être Genesis, juste Genesis, assistante dans un cabinet d'architecture, un métier qu'en temps normal j'aurais jugé ennuyeux comme la pluie.

« Prouve-moi le contraire. » J'avais souris un me mordant la lèvre. Il voulait que je lui prouve le contraire, il risquait pas d'être déçu. Ce soir je n'avais envie que d'une seule chose : de lui. Et si j'avais pu, j'aurais voulu pouvoir trainer toute la journée du lendemain ici, dans ses bras, à regarder un film ou je ne sais quelle autre mièvrerie à laquelle se livraient ses couples desquels en temps normal je me serais moquée. Je savais que c'était impossible, je savais que le lendemain la vérité me rattraperais, mais tout en moi me criais je t'en supplie, laisse moi y croire quelques heures de plus. « A vos ordres... »

Je n'étais pas le genre de fille qui s'engage dans une relation. Pour moi, deux semaines, c'était déjà une relations, et c'était déjà plus que le temps que j'avais pu passer avec le même homme. Des hommes j'en avais connu, en pagaille, mais jamais je n'avais eu envie de passer plus de temps avec l'un d'eux, d'apprendre à le connaître, de passer le cap du on couche ensemble de temps en temps parce que c'est fun. Pas une seule fois. Lorsque j'avais rencontré Shane, jamais je n'aurais pu penser qu'il se passerait réellement quelque chose, que ça deviendrait vraiment sérieux. Je m'étais dit, allez, ce type est persévérant et mignon, donne lui donne numéro peut être qu'il prendra son courage à deux mains pour t'appeler, et qui sait peut être que vous pourrez passer un peu de bon temps un de ces quatre. Jamais je n'avais imaginé que Shane me rappellerait le lendemain, qu'il ferait tout pour me forcer à accepter un rendez vous, qu'il me donnerait réellement envie de le revoir, et qu'en si peux de temps j'aurais l'impression d'avoir des papillons dans le ventre comme une gamine de dix sept ans. Parce que c'était l'impression qu'il me donnait, et l'impression que j'avais encore une fois alors que je sentis ses mains passer sous mon tee-shirt, m'effleurer la peau doucement pour finalement me retirer mon tee-shirt, alors que je m'attaquai aux derniers boutons de sa chemise, l'en débarrassant pour qu'elle rejoigne mon tee shirt. Décidément, il était plus rapide que moi puisque je sentais déjà ses mains s'affairer pour dégrafer mon soutien gorge, et m'en débarrasser d'une main habile. Passant une main dans ses cheveux, je serrai son cou, avant de déposer un baiser sur ses lèvres, descendant, les laissant glisser le long de son torse. Finalement, sans prévenir, je m'étais laissée tombée à côté de lui, l'épaisseur du canapé me forçant à rester collée contre lui, les mains posée sur son torse.

« Shane... Ca va pas ?  » Je sentais que quelque chose n'allait pas, et c'est pour ça que posant ma tête sur son torse je l'avais regardé dans les yeux cherchant à y lire quelque chose, n'importe quoi. Chaque fois, chaque fois que je le sentais ailleurs, j'avais la même peur, celle qu'il se doute de quelque chose. « Si t'es crevé, si t'as pas envie, je comprendrais t'en fais pas. » Je serrai vexée à mort, mais je comprendrais mon amour, ne t'en fais pas ! Quoi qu'il en soit blagues mises à part, j'aurais réellement préféré m'entendre dire qu'il était juste fatiguée, parce que je ne pouvais juste pas m'empêcher de devenir paranoïaque à chaque fois qu'il semblait absent. Surtout que ce soit bien clair, j'avais pas du tout l'habitude de laisser un indifférent, ou distant, réellement pas l'habitude. Déposant un baiser sur son torse, j'avais levé le yeux vers lui attendant sa réponse.