« Règle numéro 1, à partir de maintenant, c’est moi qui te contacte et qui fixe les rendez-vous. Règle numéros 2, tu viens toujours seul, si jamais je vois quelqu’un d’autre, je disparais. Règle numéro 3, je demande à ce que tu me paie la moitié d’avance, ça te fera 400 dollars. ». Marcus et ses petites règles, c’était une grande histoire d’amour. Il devait en avoir près d’une vingtaine, qu’il respectait toujours minutieusement et qu’il récitait à chaque fois qu’il entrait en contact avec quelqu’un qui demandait ses services. Encore un peu plus et il faisait signer des contrats à ses « clients » mais garder des traces écrites était un risque qu’il ne préférait pas prendre. Aujourd’hui il avait rendez-vous avec un certain Scott Pierce qui lui avait donné l’acte de naissance d’un type mort … dont la mère était morte … et dont le père était inconnu. Comme quoi, il pouvait encore exister sur cette planète plus folle que lui … enfin peut être. Scott était rentré en contact avec Marcus il y a maintenant 5 jours. Si Scott était son vrai nom. Marcus faisait toujours des recherches sur les gens qui faisaient appel ses services. En quelques minutes il avait réussi à avoir photo et adresse de tous les Scott Pierce vivant à Washington. Il était en tout quatre. Il y avait un ancien cuisinier retraité, un père de famille médecin, un étudiant de Georgetown et un type dans le coma à l’hôpital. Aucun d’eux ne ressemblait au Scott Pierce qu’il avait rencontré, ce qui rendait Marcus un poil parano. Mais l’idée de se faire un paquet d’argent sur le dos de ce type était quand même bien tentante, il lui avait donc fixé un rendez-vous en prenant évidement toutes ses précautions.

***

Marcus arriva à quelques mètres du lieu de rendez-vous 15 min avant l’heure fixée. Cela lui permettait de voir la personne arrivée, si elle était venue avec quelqu’un qui par la suite c’était éloignée, ou si elle avait tenté de cacher quelque chose dans les environs. Prenez le pour un fou, mais ses petites vérifications l’ont déjà aidé à éviter pas mal d’embrouilles. Marcus vit donc le fameux Scott Pierce assis à la table du café qu’il lui avait indiqué, la troisième sur la droite comme il le lui avait bien précisé. A 14 tapantes il s’assit rapidement à la table où se trouvait son clent, venu de nulle part et regardant autour de lui comme si on le suivait. Check up de routine. Marcus choisissait toujours des endroits précis pour ses lieux de rencontres. Un lieu public qui grouillait toujours de monde, dans le cas présent le café situé dans Gallery Place était parfait. Une station de métro à moins de 100 mètres. A l’angle mort de chacune des caméras de surveillances des magasins aux alentours, et il payait toujours un taxi d’avance qui restait devant le centre commercial et gardait le moteur en route au cas où il devait s’enfuir rapidement. Oui, on n’était jamais assez prudent et dans le genre méfiant et parano, Marcus était roi. Il arrêta de regarder tout autour d’eux avant de planter son regard sur Scott si Scott est son vrai nom, d’un air plus que soupçonneux. Il n’allait pas s’embêter avec tous ces rituels sociales où on doit se saluer et demander comment allait la personne, Marcus n’en voyait pas l’intérêt … et s’en fichait. « Est-ce que t’es un fédéral ? Non parce que techniquement si t’en es un t’es obligé de t’annoncer en tant que fédéral si je te le demande. Alors … t’es un Fed ? ». Marcus avait beau avoir un des QI les plus élevés de Washington, il croyait encore à ce genre de légendes populaires sur les fédéraux.

Cela faisait 3 semaines que Grayson avait prit contact avec le dénommé Oz, célèbre hacker dans le monde d'internet. Enfin c'est ce qu'on lui avait dit à la Corporation tout du moins. Après quelque recherches, Grayson l'avait retrouvé sous le nom de Marcus Hartley, l'avait surveillé quelques jours, puis l'avait contacté.
Grayson avait une idée toute faire du hacker lambda: un geek associable, fan de théories du complot en tout genre, et parano. Marcus avait dépassé toutes ses espérances. Il représentait tout les clichés du genre. Grayson avait du mal à voir le génie qui se cachait derrière, mais s'il pouvait lui être utile, il n'allait pas faire le difficile.

Ils avaient rendez-vous dans un lieu public. Grayson était arrivé à l'heure indiqué, au lieu indiqué. Il l'avait repéré en arrivant 2 blocks plus loin, tout comme il avait repéré le taxi qui l'attendait. Ce petit manège aurait pu marcher, si Marcus n'avait pas eu affaire à un professionnel entraîné, attentif à chaque détail. Grayson ne put s’empêcher d'émettre un rictus, en observait son "rendez-vous" arrivé. Le temps que celui-ci fasse un contrôle de routine -inutile par ailleurs- Grayson commanda un café, calme et posé, tout le contraire de Hartley, dopé à la caféine ou à l'energy drink sans doute. Ou bien en manque, bien loin de son ordinateur fétiche. « Est-ce que t’es un fédéral ? Non parce que techniquement si t’en es un t’es obligé de t’annoncer en tant que fédéral si je te le demande. Alors … t’es un Fed ? »

Grayson sourit. Il était vraiment tombé sur un cas, mais il appréciait l'effet comique de son interlocuteur. Il prit son temps pour lui répondre, ménageant un suspense sous doute insoutenable qu'il prenait plaisir à prolonger. Il devait bien l'avouer, Grayson trouvait ça très drôle XD « Bonjour Marcus » lui dit-il calmement.
Bon, il avait tout de même besoin de lui, il n'allait pas le faire tourner en bourrique plus longtemps. Il l'avait contacter pour retrouver son père, homme que Grayson n'avait jamais connu, pas pour se payer la tête d'un pauvre type un peu barré sur les bords.

- Je ne suis pas un fédéral. Rassuré?

Evidemment, il n'allait pas lui expliquer qu'il avait un flingue dans sa veste, un couteau dans chaque botte, ou encore qu'il pouvait le tuer et s'enfuir d'ici avant que quiconque ne le remarque. Il voulait des réponses, pas lui flanquer une trouille bleue.

- Alors, tu as trouvé quelque chose?

Très franchement, il en doutait. Lui-même avait déjà fait des recherches, avec tout les moyens dont il pouvait disposer à la Corporation, sans grand succès. Il voulait juste un regard neuf sur la chose, extérieur à la Corporation. Malgré la confiance aveugle dont il faisait preuve, il n'avait pas vraiment envie que ce genre de chose s'ébruite. Sa vie privée, son problème, pas celui de la Corporation. Il ne savait même pas ce qu'il ferrait, ou comment il réagirait, si il venait à retrouver son paternel. Il préférait presque tomber sur une n-ième impasse, et laisser tomber l'affaire une bonne fois pour toute. Ou pas. En fait, il n'en savait rien. Et puis, ce n'est pas comme si il pouvait se pointer devant sa porte, et tout simplement lui annoncer "Bonjour, je suis ton fils. Ma mère était une terroriste renommé, et moi un espion, officiellement mort. Et toi ça va?"

Marcus se tenait prêt à fuir, d’une seconde à l’autre. Et il avait de la chance, il courrait plutôt vite. Mais ses chances étaient minces face à un espions surentraîné … Malheureusement, il ne se savait pas. « Bonjour Marcus » Il commençait à s’agiter, il n’aimait pas qu’on se foute de lui comme ça. Bon d’un autre côté, si il était vraiment un fédéral, il aurait déjà pu sortir son badge, lui courir après dans la rue et le menotter, ce qu’il n’avait pas fait. Donc, soit il attendait d’avoir des preuves tangibles, soit il n’était pas un fédéral. Mais comme Marcus était plus que méfiant, il préférait en avoir le cœur net. « Je ne suis pas un fédéral. Rassuré? » Ah, voilà une bonne chose de faite. Tout de suite, Marcus était un peu plus … serein. Pas rassuré, il pouvait encore se passer n’importe quoi qui puisse le mettre dans une mauvaise posture. Et on avait fini par le remarquer, Marcus se mettait toujours dans des situations totalement dingues. « Alors, tu as trouvé quelque chose? ». A vrai dire, Marcus n’avait pas trouvé grand-chose, mais bon, il avait déjà une petite somme de départ et son agenda n’était pas des plus remplie, il avait donc trouvé le temps pour quelques recherches. « Bon, je vais pas te mentir, j’ai pas trouvé grand-chose. Ton type là Grayson truc, ya pas grand-chose sur lui, alors pour retrouver un père inconnu c’est pas facile mais … » Et Marcus aussi pouvait rentrer dans son petit jeu, le faire languir. Ce n’était pas du tout le style du blondinet, mais pour une fois qu’il pouvait reprendre la situation en main … ça faisait du bien d’en profiter. « Mais j’ai réussi à remonter jusqu’à une boîte postale dans le Vermont. C’est peut être rien, mais ça reste une piste à explorer. » Oui, il avait quand même fait des recherches, Marcus était peut-être une petite crapule il gardait tout de même … une certaine conscience qu’il était le seul à comprendre. Maintenant, il allait pouvoir mettre son plan en place. Arnaquer les gens, c’était ça son premier boulot, il le faisait depuis qu’il était au primaire, c’était devenue une activité aussi normale que respirer pour lui. « Par contre j’ai un problème. J’ai besoin d’un logiciel Aversc15XP pour continuer, ça c’est pas un problème, je peux m’en procurer un. Le problème c’est que mon moteur LitorfX96 m’a lâché et que je suis quelqu’un de plutôt surveillé, donc si j’en achète un, je risque de me faire repérer. Donc je vais devoir acheter un Palto7WN9, c’est tout aussi efficace, mais ça coûte cher. Je peux essayer d’en fabriquer un, mais il me faut un circuit Sordvemp qu’on trouve plus sur le marché, je peux pas en avoir avant 3 mois. » Il faisait exprès d’utiliser des termes précis pour embrouiller le plus possible. Bien sur qu’il pouvait faire ses recherches sans le moindre problème, mais c’était un chemin semé d’embuches et plutôt difficile d’accès. Rechercher un parent inconnu, ce n’était pas facile, Marcus avait déjà essayé pour son propre cas, en vain. Enfin son cas était un peu plus particulier, il avait été totalement été abandonné. Pour ce type, ce serait un peu plus simple, il pouvait faire des recherches sur le type et sa mère en fouillant complètement leur passés. « Enfin bref, je vais avoir besoin d’une avance de 200 dollars pour continuer. »

« Bon, je vais pas te mentir, j’ai pas trouvé grand-chose. Ton type là Grayson truc, ya pas grand-chose sur lui, alors pour retrouver un père inconnu c’est pas facile mais … » Dans le même temps, on servait son café à Gray. Il gratifia la serveuse d'un "merci" et sucrait tout ça tranquillement. Marcus avait sérieusement besoin de se calmer. Grayson le sentait tendu à un point... à croire que Marcus allait lui claquer entre les doigts! Agiter comme ça, il allait faire une crise cardiaque! S'il avait la moindre idée, de qui se trouvait en face de lui, il n'osait même pas imaginer sa réaction. Bien que voir sa tête d'ahuri était assez tentant!

- Tu ne trouveras rien sur Grayson, c'était un type banal. ou plutôt la Corporation avait fait en sorte de tout supprimer, et de faire passer un délinquant notoire, pour un mec tranquille et sans histoire. Concentre toi plutôt sur la mère, tu devrais trouver pas mal d'infos. Elle a fait les gros titres y a quelques années. Histoire de terrorisme et tout ça. ou plutôt la division avait fait passer une mère célibataire honnête, en dangereuse criminel.

« Mais j’ai réussi à remonter jusqu’à une boîte postale dans le Vermont. C’est peut être rien, mais ça reste une piste à explorer. » Grayson releva la tête de son café. Il avait peut-être un génie en face de lui finalement. D'un coup, ce rendez-vous avait beaucoup plus d’intérêt. En 4 ans de temps, sa courte carrière à la Corporation, Grayson n'avait jamais rien trouvé. Une boite postale, même si en apparence ce n'était rien, c'était un pas immense,... si Marcus lui racontait la vérité. La suite de son discours lui plaisait moins. Cet idiot avait le culot de lui mentir, sans sourciller.

Il devait l'admettre, il mentait bien,... dommage que Grayson s'y connaissait en mensonge, et en informatique. Le hasard fait bien les choses - ou pas, Marcus ne sera sans doute pas du même avis - puisque justement, lors d'une mission pour la Corpo il y a quelque mois de ça, Grayson avait du mettre à jour ces compétences informatiques. Il avait du infiltrer le réseau d'une banque assez louche... qui disposait justement d'un système Palto7WN9. Il avait étudier le truc de fond en comble, tellement bien qu'il aurait pu le craquer en dormant. C'est pourquoi il savait, que ce genre de matériel ne servait absolument pas à ce que Marcus prétendait. Crypter des donnes oui, sécurisé de grosses sommes de liquide oui, les détourner et faire fructifier de l'argent sale oui. Retrouver des gens: absolument pas.

- Tu mens. C'est une mauvaise idée de vouloir m'arnaquer Marcus. J'espère que la prochaine fois tu ne ferras pas la même erreur.

Son ton était assez étrange: Amical et inquiétant à la fois. Il lui était légitime de penser qu'il pouvait arnaquer Grayson comme n'importe lequel de ces clients. Il avait essayé une fois, il pardonnait. Il retentait ça encore une fois, Grayson serait beaucoup moins conciliant!

- Pour l'avance, tu peux oublier. Il bu son café, et reprit. Oh je suis bête! Tu veux boire quelque chose?

« Tu ne trouveras rien sur Grayson, c'était un type banal. Concentre toi plutôt sur la mère, tu devrais trouver pas mal d'infos. Elle a fait les gros titres y a quelques années. Histoire de terrorisme et tout ça. ». Si monsieur s’y connaissait tellement, il avait qu’à pas faire appel à Marcus. De plus en plus de personnes pensaient pouvoir dicter à Marcus son boulot, comme quoi il fallait qu’il étudie plus telle ou telle piste. Mais le hackeur était rôdé dans le sujet, il faisait ça depuis longtemps, ce n’était pas aujourd’hui qu’on allait lui dire ce qu’il fallait faire non mais. Il avait parlé de Grayson, mais évidemment il avait fait aussi quelques recherches sur la mère. Il avait d’abord préféré se concentrer sur celui dont il avait l’acte de naissance entre les mains et fouiner toutes les pistes avant de s’attaquer sa la mère. Mais Scott avait raison sur une chose, ce type était tout à fait banal, rien à signaler d’extravagant dans sa vie. Mais quelque chose avait intrigué Marcus : impossible de trouver une photo du dit Grayson. Généralement, on retrouvait toujours une photo de quelqu’un, une copie de pièce d’identité, une photo datant du collège ou celle du yearbook qu’on aimerait tous cacher. Mais sur ce type, nada, il avait essayé d’exploiter le filon avec les maigres informations qu’il avait récolté, pour au final faire choux blanc. Il était donc passé à la mère et ses maigres recherches l’avaient mené à la fameuse boîte postale. Rien de très important en soi, elle appartenait à un vieux couple sans aucun lien avec les deux personnes, mais c’était déjà un début. Marcus s’y connaissait, aucune information n’était à négliger dans ce genre de recherche. Cependant les choses commencèrent à prendre une tournure que Marcus n’aimait pas du tout. La réaction de Grayson face à son récit mettait Marcus mal à l’aise, ce qui n’était pas difficile à voir, il s’agitait de plus en plus. « Tu mens. C'est une mauvaise idée de vouloir m'arnaquer Marcus. J'espère que la prochaine fois tu ne ferras pas la même erreur. » Marcus fut tout de suite déconcerté. Comment pouvait-il aussi nettement dire qu’il mentait. Est-ce qu’il s’y connaissait en matériel et logiciel informatique ? Dans ce cas pourquoi aurait-il fait appel à Marcus s’il savait utiliser ces machines ? Et le ton qu’il avait utilisé mettait encore moins Marcus en confiance, il avait quelque chose de … fourbe. Marcus ne sentait pas ce type, plus les secondes passaient, plus il avait l’impression qu’il se trouvait dans une mauvaise posture. « Pour l'avance, tu peux oublier. Oh je suis bête! Tu veux boire quelque chose? » Il fronça les sourcils tout en restant silencieux. Non, Marcus n’aimait vraiment pas ce type, il avait un truc assez … inquiétant. Si ça se trouve, c’était un fédéral et il lui avait mentit, il voulait un peu s’amuser avec lui avait de le coffrer. Il regarda autour d’eux voir s’il n’y avait personne qui les regardait, ou un type qui se croyait discret en portant une oreillette, comme tous ces imbéciles de fédéraux en planque prêt à attraper quelqu’un. Marcus ne remarqua rien d’anormal, mais il n’était tout de même pas en confiance, son instinct lui disait de filer et plus vite que ça. Il posa ses deux mains sur la table et commença à reculer doucement sa chaise. Dans deux secondes il serait parti et fini les embrouilles avec Scott-si-son-vrai-nom-est-Scott.

Si Marcus voulait perdre son temps, et son argent, à chercher des infos sur un type que la Corporation, s'était évertué à rendre plus blanc que neige, tant pis pour lui. La Corporation ne faisait pas d'erreur, par conséquent Marcus ne trouverait rien, absolument rien. C'était un simple conseil, pas la peine de bouder.
Sauf que maintenant, il ne faisait pas que bouder, il voulait lui fausser compagnie... Bon Grayson devait admettre qu'il s'y était mal pris. Pour sa défense, monsieur est un handicapé dans tout ce qui touche de près ou de loin au relationnel. Parler mission avec tel ou tel agent, négocier avec un vendeur d'arme, un trafiquant de drogue, ou encore faire mu-muse avec les agents de la Division, aucun problème, il assurait! Jouer un rôle lors de missions, qui nécessitait de se mêler au public, de se lier avec des civils, encore une fois aucun problème. Justement car il joue un rôle. Être lui-même et ne pas faire peur aux personnes dites "normales" relève de l'exploit. Alors je ne vous parle même pas du fait de rassurer un type complètement parano et à l’affût de la moindre gaffe, ou petite réflexion suspecte. Il était grillé.
Tout les signes étaient visible. Marcus était en alerte, sa respiration s'était accéléré, prèt à prendre la poudre d'escampette. Avec un peu de concentration, Grayson aurait aussi pu dire que son rythme cardiaque crevait tout les plafonds.

Même plus jeune, communiquer avait toujours été un problème. D'abord car, en tant que fils de terroriste, l'image que l'on renvoi de soi n'est pas idéal. En tant qu'enfant perpétuellement rejeté Grayson avait du apprendre à se défendre très tôt, et à toujours être sur ses gardes. En grandissant, faire parti d'un gang n'a pas vraiment aidé à améliorer cette situation. Intégrer la Corporation non plus. Alors aujourd'hui, il avait du mal à ne pas tout de suite débusquer la faille, ne pas jouer sur la corde sensible, ou encore intimider. Bref, tout ce qu'il ne fallait pas faire avec un jeune homme comme Marcus. Changement de tactique.

Grayson prit une grande inspiration. Trois secondes. C'était le temps qu'il lui fallait pour rentrer dans son personnage. Celui d'un simple banquier, peu confiant, à la recherche de son passé. Il passa une main dans ses cheveux, pour faire croire à Marcus qu'il était embarrassé.

- Ok, je suis désolé... c'est juste que... J'ai paniqué. Il se triturait les doigts, évitait son regard. Le truc c'est que... j'aimerai vraiment retrouver mon père tu vois, et ça me rend nerveux tout ça. Je... J'ai vraiment besoin que tu m'aides.

Grayson le fixa bel et bien cette fois, et lui sourit.

- Donc, tu veux quelque chose à boire?

Marcus était prêt à décoller. Il lui fallait quoi, deux secondes et il aurait disparu ? Plus il regardait le type en face de lui, plus il était certain qu’il était plus que louche. Il y avait quelque chose qui clochait dans cette histoire, et Marcus n’avait pas vraiment envie de le savoir, le plus simple pour lui était de disparaître. Il avait toujours eu le don de se mettre dans des situations difficiles et cela lui avait appris beaucoup de chose : fuir quand il était encore temps. Il préférait perdre de l’argent plutôt que de se faire tabasser ou finir coincer derrière les barreaux. Il ne manquerait plus que ça, qu’il se retrouve enfermé en prison … Si on cumulait tout ce qu’il avait fait, il passerait de longues années à croupir dans une cellule, il ne préférait même pas y penser. Puis il vit alors quelque chose changer dans le regard de Scott Machin Truc. Il avait l’air plus … nerveux et mal à l’aise. Le signe qui ne mentait jamais, la main dans les cheveux, Marcus faisait également ça quand il était stressé. « Ok, je suis désolé... c'est juste que... J'ai paniqué. » Un bouleversement de situation étrange. Il y a quelques minutes c’était Marcus qui fuyait Scott et maintenant l’inverse. Même s’il restait sur le qui-vive, Marcus se détendit quelque peu, attendant la suite. « Le truc c'est que... j'aimerai vraiment retrouver mon père tu vois, et ça me rend nerveux tout ça. Je... J'ai vraiment besoin que tu m'aides. ». Il l’écouta attentivement. Donc il lui avait menti. Si ça se trouve il lui mentait depuis le début, et donc il était un fédéral ? Oui, Marcus revenait toujours à cette conclusion, tant la peur de se faire attraper était présente ces derniers temps. En même temps Marcus pouvait comprendre. Il avait été abandonné à quelques mois devant un orphelinat et n’a jamais retrouvé ses parents. Tout ce qu’il a d’eux c’est une gourmette avec son prénom et un ours en peluche. Il a pourtant fait de nombreuses recherches, en vains, de vrai fantômes. Alors autant abandonner au lieu de continuer et être continuellement déçu vous me direz ? Mais Marcus n’était pas de ce genre-là, il savait qu’un jour il arriverait à retrouver quelque chose, le moindre indice qui pourrait le mener sur quelque chose de concluant. Le fait que ce Scott qui n’est pas Scott ait tenté de cacher sa véritable identité pouvait être compréhensible, même si Marcus n’aimait pas du tout ça. Il aimait savoir pour qui il travaillait, histoire d’assurer ses arrières. « Donc, tu veux quelque chose à boire? » Il ne fallait pas l’oublier, Marcus restait Marcus, et il restait tout de même méfiant par rapport à ce type avec son sourire bien trop gentil. Il attendit un moment avant de simplement lâcher « Un redbull ». Complètement accro aux boissons énergisantes. Il attendit un moment avant de relever les yeux vers lui. [color)cadetblue]« Donc, si j’ai bien compris tu cherches ton père donc … c’est toi Grayson ? Dans ce cas pourquoi je trouve rien sur toi ? »[/color] Marcus avait concentré le début de ses recherches sur le fameux Grayson avant de commencer par la mère et il n’avait rien trouvé de concluant surtout que maintenant le type était … mort ?! Non, il y avait un problème là, il avait vu l’acte de décès sur internet. Il allait à nouveau partir quand la serveuse déposa son redbull sur la table. « Non c’est pas possible ce type est mort … donc t’es qui toi ? Mais c’est quoi ce bordel ?! ». Oui, Marcus n’était pas une personne d’un grand sang-froid.

Marcus avait mordu à l'hameçon. Parfait. Se rendre vulnérable l'avait visiblement apaisé. Le blondinet avait relâché un peu la pression, même s'il était toujours monté sur pile électrique. Ce type avait déjà du faire une crise cardiaque, à stresser à ce point. C'était limite stressant pour Grayson, qui était pourtant d'un calme et d'un Self-Control exemplaire. Il transmettait son stress, ce qui énervait Grayson... ce qui avait quand même le mérite de l'aider à rentrer dans son personnage.
Il continua sa petite comédie, une petite idée s'était tramait dans sa tête. Il tapotait la table, baissait les yeux, et évitait tout contact visuel, les yeux rivés sur son café, qu'il touillait nerveusement. Sans oublier les mains dans les cheveux. Gêne, stress, nervosité... tout y était. Marcus n'y verrait que du feu.

« Un redbull » Grayson du se retenir de rire. Un Redbull, quelle bonne idée alors! Comme si le mec le plus parano au monde, avait besoin de prendre un Redbull! Voila qui allait encore arrangé un peu les choses! Marcus devait être un type tout à fait insupportable au quotidien. A peine 10 minutes avec lui, et il avait déjà envie de le faire taire, cette boule de nerf ambulante!
«Donc, si j’ai bien compris tu cherches ton père donc … c’est toi Grayson ? Dans ce cas pourquoi je trouve rien sur toi ?» Grayson resta silencieux tout d'abord. Il voulait ménager le suspense pour Marcus. Il regarda aux alentours, pour vérifier si personne n'écoutait ce qu'ils se disaient. Paraître paranoïaque et ennuyé par la situation: fait. « Non c’est pas possible ce type est mort … donc t’es qui toi ? Mais c’est quoi ce bordel ?! »

Grayson soupira, et lacha finalement le morceau, dans un moment de confession intense. "Oui... c'est moi. Je suis Grayson." Cette révélation fracassante, eut son petit effet sur Marcus, qui l'écoutait avec une attention toute particulière. Il avait l'air aussi intrigué que paniqué. Dieu qu'il trouvait ça grisant de le mener en bateau de la sorte. Il se pinca les lèvres, et reprit. "Je peux tout expliquer... mais tu dois me promettre de garder ça pour toi, ok? C'est une question de vie ou de mort... Je ne suis même pas censé te parler de ça, ça pourrait tout compromettre, mais j'ai vraiment besoin que tu m'aides."

Qu'est ce qu'il ne fallait pas faire alors, pour retrouver une personne disparu! Mais enfin, s'il était nécessaire d'en passer par là, ainsi soit-il!