Divide or Conquer
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal

Partagez | 
 

 
That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage

Invité
Invité



That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.  Empty
MessageSujet: That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.    That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.  EmptyJeu 24 Mai - 11:41


    That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.  384139Dora That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.  994673Serdjan
    15.00 p.m. Pennsylvania Avenue grouillait de monde. Il ne faisait que croître à mesure que je gagnais l'East End, situé en plein coeur de la ville. J'avais été envoyé à Penn Quarter, accompagné d'un agent, par la Division. Nous ne nous connaissions pas. Je n'avais pas même idée de l'identité de cet acolyte. La Division avait pris ses précautions. Rien n'était laissé au hasard. J'appréciais mon appartenance à ce groupe pour ça. Que croyez-vous? Mon estime en dépend. Ne doit-elle pas à ses plus prestigieux agents un confort et une discrétion irréprochables? Ainsi, nous étions tenus informés de notre présence commune, mais jamais nos regards se croiseront avant le minutieux tissages des prochains mânes nécrosés victimes de la Division et de ses plus dévoyés représentants.

    Six heures et trente huit minutes plus tôt

    8.22 a.m. « Nous nous reverrons le mois prochain, Mr Thorson. » dis-je machinalement tout en sortant de mon bureau, accompagné d'un paranoïaque dépendant des lieux. « Ma secrétaire se chargera de nous fixer un rendez-vous. Tâchez de poursuivre ce traitement. » ajoutai-je tout en l'accompagnant jusqu'au bureau de la principale concernée. Tandis que je barrais le passage de mon patient, je glissais une tête entre la porte entre-ouverte et le cadrant de celle-ci menant au bureau de Julia Horsen : « Julia, arrangez-vous pour me laisser mon après-midi de libre. Je ne pourrais recevoir aucun de mes patients avant dix-sept heures. » chuchotai-je promptement.
    « J'ignore ce que vous avez prévu, docteur, mais vous êtes attendu. ».
    C'était le signal d'une exhalation familière.
    Elle n'ajouta rien, aucune indication toute aussi bivalente. Elle n'en avait pas besoin. Elle était l'intermédiaire, intervenant de temps à autre comme agent de la Division, depuis son premier meurtre. Elle agissait machinalement, ne se délectant pas de ses victimes. Beaucoup d'agents respectaient le rituel de ces autres membres qui se sentaient redevables et dévoraient, sans appréciation apparente, le souffle innocent de leurs cibles. Or nous étions agents de la Division pour une durée incertaine : ne pas jouir des vies cadavériques de nos proies nous contraignaient à ne pas se délecter de nos propres existences. Je ne me conformais pas à cette inspiration.
    « Pourquoi ne me confient-ils jamais ce genre de chose? ».
    « Contentez-vous d'obéir, Julia, et faites-vous plus discrète. Dois-je vous rappeler que mes patients sont plus sensibles à toute attitude nébuleuse que n'importe quel individu stable? »
    « Ne soyez-pas paranoïaque! ».
    « Et vous, restez à votre place. » tranchai-je, conscient de l'inanité de mon interlocutrice.
    J'ouvris alors la porte, invitant Thorson à rejoindre la vanité d'Horsen, dans un sourire empli d'une déloyauté qu'il ne manquerait pas de déchiffrer. Après Zora, mes patients étaient probablement ceux pour qui j'inspirais au plus grand respect pour une seule et absolue raison. J'étais comme eux, plus proches de ces individus que l'on voulait déviants que n'importe qui, à la seule différence que j'avais été plus fin, plus stratège, que ces hommes. J'étais un génie, un prodige habité par la démence psychotique de croyances interdites dans cette société.
    Une jeune femme se leva enfin pour me rejoindre, me devançant jusqu'à gagner une pièce qu'elle avait su apprivoiser. Ce fut le timbre vindicatif de Julia qui me tira de mes pensées. Sans un regard pour elle, je m'exécutais, regagnant mon bureau où m'attendait Clémence Vaughen, une patiente de longue date atteinte de schizophrénie. « N'étions-nous pas censé nous voir la semaine prochaine? » dis-je à mesure que se dessinait sur mes lèvres l'authenticité d'un sourire que pas même moi ne remarquais. « Mme Vaughen, que me vaut votre visite? » ajoutai-je en prenant place face à mon interlocutrice. « Je crois que j'ai tué mon mari, Mr Serdjan » me dit-elle naturellement, partagée entre le désarrois et la frivolité. Je pris alors conscience du sourire que j'adoptais depuis quelques secondes déjà lorsque celui-ci s'élargit. « Dites-moi, Mme Vaughen, êtes vous une femme polygame ou a-t-il ressuscité depuis la dernière fois? ». Elle laissa échapper un rire sincère et pourtant excessivement éloquent. « Polygame? Si mon époux vous entendait, docteur! » dit-elle bientôt plus calme, rapportant une main à ses lèvres, signe de ses plus sincères excuses. Puis elle reprit, naturellement : « De quoi parlions-nous? ».

    15.12 p.m. J'appréciais Vaughen. Elle me renvoyait au souvenir de Zora. J'expérimentais son amnésie pour mieux appréhender celle de cette femme qui se voulait Hope Reed.

    Le tintement régulier des escarpins de ma victime raisonnait incessamment depuis quelques minutes. Elle ne remarqua pas ma présence, ni même le regard infatigable que je lui portais afin de ne pas la perdre de vue dans cet amas foisonnant. Je jetai un bref coup d'oeil au cadran de l'horloge qui nous faisait face. Voilà bientôt treize minutes que le travail devait être achevé. Quinze minutes que les nettoyeurs devaient être passés. L'absence de mon acolyte me forçait à ne pas agir, me contenir sans jamais perdre de vue notre cible. « Qu'est-ce qu'il fout bordel? » chuchotai-je vainement.
    La sonnerie de mon téléphone s'accapara alors inopinément de mon attention. L'appel ne portait pas de nom. Aucun numéro n'était affiché : Private Call. Autrement dit, la Division. Je m'arrêtais brusquement, décrochant sans articuler la moindre formule de politesse, fixant ma proie sans jamais imaginer avoir à lui céder sa vie qui désormais m'appartenait, manquant de finir imbibé de caféine : « Terminez le travail. Vous avez douze minutes. Un nettoyeur vous suit : ne le faites pas attendre. ». Je raccrochais.

    15.15 p.m. Mes pas s'accélérèrent précipitamment. Tandis que mon corps heurtait ceux de passants moins préparés, je gagnais, en quelques secondes à peine, la position ralentie de ma proie. Elle fit alors appel à un taxi, un signe de la main suffit à ce qu'on se soumette à sa demande. J'usai d'un mimétisme naïf, et obligeai alors la jeune inconnue à pénétrer dans une voiture qui ne prêta pas attention aux plaintes de sa cliente lorsque je m'imposais en second passager. « Quittez la ville. ». Puis, sans grande surprise, l'inconnue chercha à protester face au comportement asocial dont je venais de faire preuve. Cependant, elle venait déjà de goûter à une injection que j'avais soigneusement administré à hauteur de son avant bras droit. « Ne fais pas la difficile chérie. » articulai-je pour apaiser les doutes du chauffeur qui désormais nous fixait attentivement à travers son rétroviseur. «Madame est avec vous? » demanda-t-il alors que déjà, je portais mes lèvre à celles qui désormais ne pouvait plus articuler le moindre mot ni le moindre geste. Le conducteur me sourit alors naïvement. « Nous sommes fatigués, et elle, quelque peu, nerveuse. Essayez de faire vite. » dis-je dans un sourire malveillant. «Bien monsieur. ».

    15.21 p.m. Les lieux de la mise à mort avait été commandités par la Division afin que les nettoyeurs et les tueurs attitrés soient en accord parfaits. Or, l'absence du second agent venait perturber le schéma du groupe. Un nettoyeur me suivait, cela signifiait que les lieux ne dépendaient désormais que de moi.
    Le corps presque inerte et frêle de ma proie reposait dans mes bras. Elle me fixait, j'avais pris le soin de ne geler que ses membres, jamais sa conscience pour qu'elle puisse n'avoir pour seul souvenir à emporter avec elle celui des traits repus du prédateur.
    Je gagnais enfin l'immeuble délabré à la périphérie de la ville, libéré de tout individu, vide de toute présence vivante.

    15.26 p.m. Le corps de ma captive reposait au sol. Le cadran de ma montre m'indiquait qu'à l'heure actuelle, le travail venait d'être achevé. Une minute allait bientôt me retarder de l'exigence imperturbable de la Division, et du nettoyeur.
    Ses pas résonnaient déjà un étage plus bas. Il ne tarderait à faire irruption. Peut être était-il déjà là. Peut être assistait-il à ce qui venait d'être mené à bien.

    Ma cible me fixait. Jamais ses paupières ne cédaient. Une larme caressa le derme livide de son visage lorsque je pointais mon arme à hauteur de son front. Puis une seconde s'échappa de ses pupilles translucides. Je ne cillai pas. J'esquissais un sourire, repoussant les secondes qui me rapprochaient toujours plus de la minute impardonnable pour mieux jouir de ce visage déformé par une peur vorace que j'imposais à mon interlocutrice.
    Puis, lassé par ces traits accoutumés, je portais le coup de grâce, dans une sereine impassibilité.
    Quelqu'un me fixait. Derrière moi, le nettoyeur. Je ne m'en souciais pas pour l'heure.

    15.27 p.m. En l'espace de quelques secondes, je penchais la tête, lestement, fixant le visage ensanglanté de ce cadavre. Je me relevai enfin, lapant quelques gouttes de son sang à hauteur de mes lèvres, tandis que je me retournai.

    Ce n'est que lorsque je portai une main sur mon visage pour retirer machinalement une sueur mêlée au reste de son sang que je reconnu celle qui me fit face.

Revenir en haut Aller en bas

Invité
Invité



That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.  Empty
MessageSujet: Re: That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.    That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.  EmptyJeu 24 Mai - 17:57

Les cheveux attachés en un chignon plus ou moins lâche, la rousse vérifie le contenu de son sac de sport, qui est en fait son sac de travail. Des gants, des petites bouteilles en verre renfermant divers liquides, un racloir. Faire l'inventaire ne rimerait à rien alors zappons. Rassurée que tout ce dont elle avait besoin se trouve dans le sac, elle le ferma, le mit sur son épaule, prit ses clés et sortit de chez elle. Ce matin, elle devait se rendre chez les Tennenbaum, petits vieux archi-riches qui continuaient de l'appeler Holly parce qu'ils étaient incapables de se souvenir de son identité. C'était un matin comme tous les autres d'ailleurs, rien de désagréable, rien de nouveau… Sauf que sa voiture ne voulut pas démarrer et qu'elle dût se rendre à Dupont Circle en vélo, en ayant râlé une bonne douzaine de fois tandis qu'elle le sortait de la cave. Oui, elle rangeait son vélo dans sa cave, pour être sûre qu'on n'allait pas le lui voler. Le problème de vivre dans le quartier Adams Morgan, les pneus des vélos étaient régulièrement crevés et on ne pouvait pas dormir trop bien. En même temps, c'était ce qu'elle avait souhaité. La Division aurait pu la loger n'importe où, mais elle avait convenu avec ses employeurs qu'une femme de ménage n'aurait sans doute pas les revenus pour se payer un studio dans un des quartiers riches de la capitale. Donc elle était logée dans ce quartier pourri et elle y dormait mal. C'était ce qu'elle avait voulu, elle n'avait qu'à s'en prendre à elle-même.

Ce fut donc en vélo qu'elle arriva chez les Tennenbaum, avec une demie-heure de retard sur l'heure habituelle. La vieille la réprimanda et ne la retarda pas plus pour son ménage. Et Hope passa plus de deux heures à nettoyer de fond en comble cette grande maison. À chaque fois, c'est-à-dire chaque semaine, elle venait et elle avait l'impression de refaire toujours la même chose et de retrouver toujours les mêmes moutons dans les mêmes coins. Le problème des grandes maisons qui prennent vite la poussière. Une fois qu'elle eut fini, elle fut payée par Monsieur Tennenbaum himself, reprit son vélo et rentra chez elle pour se prendre un long bain et se détendre. Elle alluma ensuite la radio et tout en s'habillant, écouta les nouvelles du jour et ne se gêna pas pour commenter ce que pouvait dire l'animateur. De toute façon, personne ne l'entendait, alors elle pouvait bien parler toute seule.

Et on l'appela. Appel masqué, sans doute ses autres employeurs (quoiqu'une fois, ça avait été un abruti qui s'était trompé de numéro en appelant en masqué… bref). Elle décrocha, et ne prononça qu'un mot : « Reed. » Son nom, en somme, pour signaler que c'était bien elle à l'appareil. S'en suivirent les indications. Elle avait du boulot aussi aujourd'hui. Une chance qu'elle n'ait pas vidé son sac, qui gisait dans l'entrée, en plein devant la porte. Elle n'ajouta pas un mot et raccrocha lorsque son interlocuteur la salua. Elle remit la radio, mangea un brin et déplia un plan de Washington pour voir où elle devait se rendre cet après-midi. Une fois que tout ceci fut fait, elle descendit, se dirigea jusqu'à un garage voisin et réussit à convaincre un des garagistes de venir jeter un coup d'œil à sa voiture (elle habitait à cinq minutes à pied). Il réussit à relancer le tout, elle le paya et remonta faire une sieste avant de repartir bosser. Oh, sa vie n'était pas follement passionnante… et elle se réveilla d'un bond, ayant fait de nouveau un cauchemar. Même en plein jour, son inconscient semblait vouloir lui jouer des tours. Tant pis.

Elle était donc à l'heure au rendez-vous et attendait, dans l'ombre d'un arbre, que l'agent et sa proie en aient fini. L'immeuble délabré face à elle avait le visage d'un vieillard déprimé, décrépi, en passe de tomber en ruine. Elle s'était toujours demandé si elle pourrait un jour faire exploser un bâtiment pour maquiller un meurtre, mais on ne lui avait jamais laissé l'occasion encore. Et ça n'était sans doute pas pour aujourd'hui non plus. Les deux (deux ? elle pensait qu'ils seraient trois) silhouettes qu'elle attendait apparurent bientôt dans son champ de vision. Elle ne savait pas qui était la silhouette féminine, et après tout, elle s'en fichait pas mal. Contrairement à d'autres qui auraient jeté leur cigarette (et donc de l'ADN) dans le secteur, elle n'en fit rien (surtout qu'elle ne fumait pas) et se décolla de l'arbre pour suivre, à distance certes, la silhouette de l'agent à l'intérieur du bâtiment. Elle s'attarda un instant dans le hall d'entrée, aux murs nus et aux néons détruits. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle avait toujours une certaine tendresse pour les bâtiments à l'abandon. Rien à voir avec le bordel de Golden. Peut-être était-ce lié à quelque chose de plus lointain ? Elle n'en savait rien, et n'irait sans doute jamais voir un psychologue pour en savoir plus. Qu'importe, après tout.

Sac sur l'épaule, elle monta tranquillement les marches, ne se souciant pas de l'écho de ses pas dans les escaliers. Après tout, il n'y avait qu'elle, l'Agent et la future victime. … Ah non, la victime tout court. Elle venait d'entendre le tir déchirer l'air et ricocher sur les murs. Elle arriva donc à l'étage où s'était arrêté l'agent et constata qu'il n'était pas encore parti. D'habitude, elle croisait rarement ceux qui tuaient. Mesure de sécurité, peut-être ? Qu'en savait-elle. D'un autre côté, connaître le visage de quelqu'un n'assurait pas l'identification. Coup d'œil qui englobe l'intégralité de la scène : le cadavre de la jeune femme à terre, visage en sang ; l'agent, penché sur sa victime dans une attitude… okay, dérangée, dira-t-on ; et elle qui posait bientôt le sac à terre après avoir fait quelques pas supplémentaires. Bon. Son rôle aujourd'hui était simplement de faire disparaître toute trace de meurtre. Donc elle allait devoir se charger du corps (qu'elle n'était pas censée enterrer -la bonne blague), et de la tâche de sang qui s'étalait sur le sol. Jouable, parfaitement jouable.

Sauf que son programme était légèrement perturbé par l'homme qui la fixait, l'air… étonné ? surpris ? stupéfait ? Quoi, elle faisait peur, c'était ça le problème ? Elle ne s'était pas regardée dans une glace depuis ce matin 7h, donc elle ne savait pas trop ce qui pouvait attirer le regard de l'homme. Regard qu'elle croisa de nouveau. Le visage de l'homme était décoré de gouttes rouge sang, sans doute dû à une distance pas assez étendue lorsqu'il avait tiré dans la tête de la demoiselle à terre. Hope ne s'attarda pas plus que ça et elle se pencha pour ouvrir son sac, en sortir une des bouteilles en verre qui contenait un liquide incolore. Était-ce l'acide chlorhydrique ? … Bon. Elle verrait plus tard. Et tandis qu'elle sortait une grande bâche en plastique, elle se souvint où elle avait déjà croisé le regard de l'homme. Et sa réaction fut immédiate. Elle sortit un pistolet de sous sa chemise, et fit volte-face, fixant l'homme qui n'avait (heureusement pour elle) pas bougé.

« Qu'est-ce que vous foutez ici ? »

C'était une bonne question à poser à un homme qu'elle avait vu pour la dernière fois dans un bordel de Floride. Peut-être pas une bonne question à poser à un agent de la Division, véritable machine à tuer, par contre…
Revenir en haut Aller en bas

Invité
Invité



That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.  Empty
MessageSujet: Re: That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.    That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.  EmptyJeu 24 Mai - 21:29

    Sans jamais cesser de fixer la nettoyeuse, je reculai machinalement pour laisser mon interlocutrice exécuter ce qu'elle prenait comme assuétude acquise. Elle ne me reconnut pas, ne cilla pas, traversant maladroitement la pièce : la présence d'un agent peu scrupuleux de l'espèce humaine avait toujours pour effet une certaine subversion que n'importe lequel de nos interlocuteurs tentait inconsciemment à cacher. Mais le comportement de l'être humain ne trompait pas. Tout était dans l'allure : tout individu asocial était sensible à ce genre de déviance. Qu'importait que Zora ne soit pleinement rassurée par ma présence, ce qu'elle ignorait c'est que j'étais incapable de lui faire de mal. Ou du moins, tout dépendait du point de vue qu'on portait à l'attitude que j'adoptais, jusqu'ici, avec elle.

    Quatorze ans plus tôt
    « Anisthesia, viens me voir. ». Je m'exécutai, puis m'arrêtai non loin de lui, sans jamais daigner effleurer le corps de mon père. J'avais quinze ans, j'étais empli d'une gène profonde et jamais, lui et moi, n'avions partagé nos sentiments réciproques. Maman était morte. J'étais donc vidé de tout affection pour qui que ce soit... Sauf Zora. Oui, Zora je l'aimais d'abord parce qu'elle me renvoyait le souvenir de notre génitrice. Et puis, depuis sa mort, j'avais appris à connaître ma soeur. Je me suis laissé prendre à ce tempérament excessivement égoïste : elle avait su apprivoiser ma naïveté et avait fomenté en moi un amour unique et précieux qui jamais ne pourrait se déplacer pour une autre femme. « Assieds-toi. » m'ordonna-t-il de ce timbre oriental et rude. « J'suis bien debout. » répondis-je dans une insolence vaine. Sa main se plaqua brusquement sur ma nuque, m'obligeant ainsi à me soumettre à cette requête. Je m'exécutai, une seconde fois, mais je restai silencieux. « Ils veulent prendre ta soeur. » me dit-il simplement. Quinze ans, c'était l'âge auquel je perdais toute marque -déjà insuffisante pour un gosse- d'innocence. Un père qui ne mesurait pas le poids de ses mots, ne prenant pas même conscience qu'il s'adressait à un gamin qui se souciait que trop peu des dettes que devait gérer son géniteur. Mais il n'avait plus personne, pas même sa défunte femme dont le corps restait introuvable, avec qui partager ses peines, ses émotions, son désarroi; personne à qui demander conseil, seulement un gosse à qui on lui répétait sans cesse qu'il était plus doué que tout enfant de son âge, qu'il était fait pour briller, à tel point que tout le monde oubliait la présence de Zora. Tout le monde. Sauf le principal concerné. « Les laisse pas faire. Ils ont pas le droit de prendre Zor'. » protestai-je, doigts entrelacés et secs, puis soudainement intenables et moites, que j'essuyais machinalement sur une chemise miteuse. Mon père alluma alors une cigarette et resta silencieux le temps d'un instant, le temps de jouir intimement de cette fumée qu'il inspirait et crachait à sa guise, nourrissant un plaisir inconscient de pouvoir et de total maitrise sur un objet inerte qui finalement se voulait aussi risible que celui qui la coinçait entre ses doigts. « Je pourrais te payer des études comme ça, Anisthesia. ». Mes poings se serrèrent jusqu'à m'en faire mal : je reniflai, retenant des larmes qu'il m'était interdit de verser devant lui.
    Zora fit irruption. Elle porta à son visage une peluche m'appartenant, que je lui avais volontiers cédé et dont elle ne se lassait visiblement pas, même du haut de ses treize ans. Etait-ce un moyen pour elle de se raccrocher à cette enfance qui se voulait sereine et innocente? Je n'en sais trop rien. Zora resta silencieuse, me fixant, cherchant un semblant de réconfort sur le visage de son ainé. Je n'étais pourtant plus en mesure de lui feindre ce qu'elle se refusait d'intérioriser, ni même répondre à ses caprices. C'était la première fois et elle ne manqua pas de me renvoyer cette moue qui ne me laissait pas de marbre, à cet âge. Je culpabilisai, bêtement. Mais c'était Zora, tout simplement.
    Notre père n'avait pas remarqué sa présence. Pas avant qu'il ne me fixe et comprenne sur qui toute mon attention était portée.
    « Qu'est-ce que tu fais encore debout? Va te coucher. » dit-il dans un discours dépourvu de toute affection, de tout ce dont elle avait besoin à cet instant même. Zora n'avait pas peur de notre géniteur. Elle ne craignait pas ses habituelles représailles. Elle lui fit non de la tête, sans hésiter une seule seconde. Alors, il s'empressa d'écraser sa cigarette, à moitié consumée, puis commença à se lever.
    Instinctivement, je me levai à mon tour, lui barrant le passage, dans un sourire forcé, l'obligeant à s'arrêter. Je feins alors une intention de lui rendre service, protégeant avant tout Zora des coups prémédités de mon père : « Laisse, j'm'en occupe. ». Il hésita, me fixa, puis la regarda elle, avant de nous tourner le dos et sortir. « Profites-en pour dormir toi aussi, demain, on a du boulot toi et moi. ». Puis je tirai Zora jusqu'à la chambre.

    « Qu'est-ce que t'as à toujours le chercher? » balançai-je en retirant ma chemise. Nous partagions la même chambre. Elle regagna son lit, en silence, puis se glissa sous la couette, sourire aux lèvres. « Tu te laves pas avant de dormir ? » commença-t-elle, taquine. « 'Pa veut pas. » dis-je dans un soupir. « Bah, justement!». Je me retournai alors et lui jetai, sans l'atteindre, ma chemise en boule, au visage. Elle l'évita et esquissa un rire provocateur, puis adopta une mine dégoûtée.
    Je pris alors conscience que nous serions bientôt séparés, elle et moi. Je développais alors une crise insoutenable, une folle panique que je tentais sauvagement de contenir, attendant patiemment que Zora trouve le sommeil. A mesure que défilais des situations impensables, intolérables pour nous, je comprenais que ma soeur nous quitterait plus vite que je ne le pensais. J'étais impuissant, je ne pouvais pas la protéger et cela me suffit à me rendre plus dément encore, plus incontrôlable, perdu dans entre la folie et la solitude.
    On m'avait enlevé ma mère. On cherchait à m'enlever Zora.

    C'est à cet instant que je développais une croyance d'appartenance et de possession. Zora m'appartenait. Maman m'avait échappé, il m'était impensable que Zor' en fasse de même. Sans elles, il ne me restait plus rien. Or à ce jour, je n'avais plus qu'une part de cette pair de femmes.

    Ce retour à des souvenirs empoisonnés me valurent quelques minutes d'inattention. Quelques secondes qui suffirent à ladite Hope Reed de reconnaître celui qui avait profité des vestiges de son corps en Floride et bien des années avant. Un instant qui m'obligea à me soumettre à ses menaces : elle pointa une arme sur moi, sans se soucier des conséquences de son acte, du groupe qui nous liait malgré elle. « Qu'est-ce que vous foutez ici ? ». Je fis un pas en avant, lentement, sans jamais quitter Zora du regard. Nos yeux se fixaient, recherchant un semblant de provocation dans les pupilles presque vides de toutes émotions. « Déconne pas Hope. Pose ça. ». Un second pas. « Tu saurais même pas t'en servir. » me moquai-je inconscient des conséquences que cela engendrerait, retrouvant une certaine âme d'enfant. Mais Zora ne prit pas part à cette pointe de sarcasme, non. Elle ne cilla pas. Tout sourire sur mes lèvres s'effaça brutalement.

    Je retirai alors mon téléphone de ma poche me détachant de mon interlocutrice qui ne relâchait pas son attention, tentant de ne pas se laisser impressionner par mon authentique assurance. Je portais l'objet à mon oreille, tout en fixant à nouveau Zora. Elle se laissa manipuler par cette mise en scène, baissant quelque peu son arme, attentive à ce qu'elle pourrait deviner de cette conversation. « Oui, la cible est éliminée. ». Après tout, elle n'était pas agent de la Division, je pris le risque d'imaginer qu'elle ignorait qu'un agent, comme un nettoyeur, ne pouvait pas joindre le groupe, que le lien était unilatéral. Elle baissa à nouveau son arme, gagnant inconsciemment en confiance, toujours méfiante mais mesurant peut être un peu plus les conséquences d'un tel acte si elle s'y risquait.

    Comme tout individu typique, elle ne remarqua cependant pas que la Division ignorait où nous étions, et qu'elle pouvait ainsi m'achever et en effacer toute trace.

    Contre toute attente, je jetai, comme autrefois, le premier objet que je tenais entre les doigts en direction de ma soeur. Elle ne l'évita pas cette fois. Le téléphone heurta son arme, la détournant suffisamment pour que je puisse rejoindre la nettoyeuse. Je glissai un bras sur son ventre, imitant ce que l'on m'avait minutieusement enseigné, collant son dos sur mon torse, bloquant tout mouvement possible, toute tentative d'échappatoire tandis que ma main se saisit de la sienne en possession de l'arme qu'elle tenait et la força à la pointer à hauteur de son cou, en direction de sa mâchoire.

    « La Division te transmet ses amitiés, Reed. »



Revenir en haut Aller en bas

Invité
Invité



That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.  Empty
MessageSujet: Re: That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.    That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.  EmptyJeu 24 Mai - 23:10

Amusant comment la situation peut vous échapper en un rien de temps, n'est-ce pas ? C'était du moins ce que venait de se dire Hope alors que l'homme avait pris le dessus sans qu'elle ne s'y attende. Et maintenant, elle avait sa propre arme sous le menton. S'il la forçait à tirer, ça ferait une grosse tâche au plafond. Pas que ça soit son plus gros problème pour le moment. Elle était figée et essayait d'analyser comment tout ceci était arrivé. Et plus elle se concentrait, moins les choses étaient claires, ce qui était franchement frustrant. Elle tentait donc de faire le chemin en sens inverse, mais ses tentatives étaient entravées par des bribes de souvenirs dont elle ne savait pas non plus quoi penser. Pour clarifier la situation, l'idéal serait de revenir nous-même en arrière, un peu avant qu'elle ne se fasse avoir par l'Agent de la Division.

Elle le tenait donc en joue, cible stabilisée. Il avança, un pas seulement, alors qu'elle hésitait. Elle aurait tiré s'il s'était montré menaçant. Mais pour le moment, elle ne savait pas quoi penser des agissements de son interlocuteur. En tout cas, il ne devait pas croire qu'elle en était capable. « Déconne pas Hope. Pose ça. » Elle n'émit pas un son, le tenant toujours en joue, reculant d'un pas pour garder une certaine distance. Elle savait qu'elle le connaissait, de vue au moins. Elle savait qu'il était un de ses clients, du temps où elle était encore coincée chez Golden. « Tu saurais même pas t'en servir. » Mauvaise idée, voilà qu'elle lui prouvait qu'elle savait se servir de son arme : elle venait d'ôter le cran de sûreté, désormais prête à tirer. Son visage restait fermé, impassible. À cet instant même, elle essayait de se souvenir de ce que cet homme avait pu vouloir qu'elle lui fasse. Chose étrange, d'habitude elle se refusait à repenser aux années chez la Mère Golden. Un vieux souvenir lui revint, lointain et empreint d'incertitudes, appelé par la dernière phrase qu'il avait prononcé. « Tu ne saurais même pas t'en servir. » avait affirmé l'homme en refusant qu'elle touche l'objet qu'il avait dans la main. Ils étaient dans une chambre du bordel, et elle était recroquevillée sur son lit. L'homme était assis à ses côtés, l'air calme. « Tends ton bras, n'aie pas peur. Ça t'aidera à ne plus avoir mal. » Était-ce l'homme du souvenir ? Était-ce celui qui lui avait injecté de la morphine pour l'aider à supporter les douleurs physiques qu'elle endurait, lorsqu'il lui rendait visite ? Elle ne savait plus. Elle n'en était pas sûre. Elle ne voulait pas risquer une erreur. Surtout qu'elle pointait une arme vers lui : si ça n'était pas cet étrange homme, elle avait juste fait une énorme bêtise en le menaçant du canon de son flingue.

Elle cilla. Il avait perdu toute trace de sourire, à croire qu'il en avait marre d'être hypocrite. Et puis il porta la main à sa poche, elle se tendit, et se détendit peut-être lorsqu'il en sortit un téléphone. Qui appelait-il ? Elle ne pouvait le savoir. Elle avait l'impression qu'elle pouvait relâcher quelque peu l'attention. Après tout, il était au téléphone, il n'allait pas faire deux choses en même temps, ça n'était que dans les films qu'on voyait ça. « Oui, la cible est éliminée. »

Était-ce alors l'apparent souvenir qui lui était revenu, ou simplement une erreur d'inattention, toujours est-il qu'elle baissa sa garde pour de bon. Peut-être crut-elle que l'homme était un Agent haut-gradé, d'où l'appel aux supérieurs hiérarchiques de la Division. Si c'était le cas, il n'apprécierait sans doute pas de se voir menacé par une vulgaire Nettoyeuse. Et la hiérarchie non plus n'apprécierait pas. Oui, Hope avait oublié que les appels n'étaient émis que par le haut du panier et que jamais (de ce qu'elle savait) les simples agents ou nettoyeurs pouvaient appeler un numéro précis. Elle avait oublié la base, et ça allait lui valoir de se faire coincer en beauté.

Bien entendu, si elle avait eu une bouteille d'acide chlorhydrique ouverte dans la main, on peut parier sur un déroulement différent des événements. Mais c'était une arme automatique qu'elle avait dans la main, et pas une bouteille de liquide extrêmement corrosif. Donc il arriva ce qui arriva, malheureusement pour elle. Le projectile arriva sur elle sans qu'elle ne l'ait vu venir et l'homme fut bientôt dans son dos, hors d'atteinte, l'immobilisant clairement dans une position à la fois inconfortable et franchement dangereuse.

« La Division te transmet ses amitiés, Reed. »

Elle n'aimait pas qu'on sache son identité sans que le contraire soit vrai. Hope Reed, il l'avait effectivement appelé de ce nom d'emprunt qu'elle portait désormais depuis quatre ans. La poigne de l'homme ne ramollissait pas, ce qui laissait peu de chance à Hope de s'en sortir (surtout avec une arme chargée sous la mâchoire). Vu comme elle était, elle ne pouvait pas non plus lui coller un coup de coude et espérer s'en tirer, ça n'était pas une option envisageable. Alors il allait falloir parler. Parler pour s'excuser, peut-être. Ou peut-être pas. Mais en tout cas parler pour endormir la tension, pour calmer les ardeurs de l'Agent (ardeurs meurtrières, bien entendu, qu'aviez-vous compris d'autre ?). Histoire de pouvoir espérer peut-être réussir à remettre le cran de sûreté du pistolet, ne serait-ce que pour pouvoir respirer un peu mieux. Elle aurait eu une main libre, nul doute qu'elle aurait serré la croix orthodoxe à son cou, même si la religion ne voulait plus vraiment dire grand chose à ses yeux. Mais elle n'avait pas de main libre, donc elle ne le fit pas. Ne restait plus qu'à parler, même si c'était une des choses au monde qu'elle avait de moins en moins l'habitude de faire.

« Vous savez que, si vous me forcez à appuyer sur la gâchette, vous devrez vous débrouiller tout seul pour nettoyer ce bordel ? »

Allez savoir pourquoi elle employa ce mot de "bordel". Toujours est-il qu'il la projeta de nouveau dans d'autres souvenirs, entrelacés, et qu'elle ne parvint pas à comprendre leur provenance (était-ce un film qu'elle avait vu, un livre qu'elle avait lu, sa vie ? Elle n'en savait rien). La grosse Golden était entrée dans la chambre où elle était endormie : « Réveille-toi, petite truie ! », lui assena-t-elle sèchement. « File te laver et sois prête dans dix minutes. » Le ton ne laissa pas le choix à la jeune femme qui obtempéra dans la seconde. Un nounours. Le client pour l'heure était une espèce de gros vicelard qui venait pour se tripoter mentalement et prenait son pied grâce à des scénarios tous plus grotesques les uns que les autres. Mais le client était roi, elle ne pouvait pas s'amuser à aller contre les désirs de l'homme. Une chemise en boule. « KATIC, QU'EST-CE QUE C'EST QUE CE BORDEL ?! T'AS TROIS RAYONS À RANGER, TROIS, ET C'EST TOUJOURS PAS FAIT ! » Un oreiller éventré. Douche éclair, toilette rapide, Sanja était prête quand la grosse Golden entra de nouveau, son pas lourd s'étant fait entendre à travers tout l'étage. Derrière elle, un homme qu'elle n'avait jamais vu. « Monsieur Serdjan, voici Sanja. S'il y a le moindre problème, n'hésitez pas à sonner. » Et elle était repartie en claquant la porte, laissant la rouquine seule avec ce nouveau client. Des cris d'enfants. « MAIS BON DIEU, QU'EST-CE QUI M'A FOUTU UNE CONNE PAREILLE DANS LES PATTES ?! »

Plus rien, d'un coup.

Les souvenirs se turent pendant quelques secondes alors que le cerveau de Hope était à deux doigts d'exploser. Elle avait mal à la tête, son sang sifflait fort à ses tempes et cognait à la même hauteur. Étrange comme la vie peut défiler devant vos yeux si vite.Étrange aussi de constater que les bribes du passé resurgissaient, lentement. Oh, Hope était encore bien loin de se souvenir de qui elle était réellement. Loin de se rendre compte que l'homme dans son dos était son frère. Pour le moment, elle se rendait compte que celui qui maintenant le pistolet sous son menton avait autrefois (si c'était bien le même homme et qu'elle ne tombait pas sur un sosie) essayé de simplifier sa vie. Alors comment cela se faisait-il qu'un client d'un bordel, médecin qui plus est (si elle ne se trompait pas de personne), fasse partie de la Division ? Elle ne trouverait pas l'explication de sitôt.
Ultime observation, sans doute pas franchement utile, mais qu'elle ne put s'empêcher de faire d'un ton désabusé et neutre :

« Je vais jamais réussir à me débarrasser de vous, c'est ça ? »

Elle ne savait pas à quel point elle était dans le vrai.
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé



That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.  Empty
MessageSujet: Re: That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.    That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.  Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

That skinny dipping girl made the blue bird sing — Hope.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» HOPE • no light in your bright blue eyes
» MARLA ✉ I hope life isn’t a joke, because I don’t get it.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Divide or Conquer :: Introduction à DOC :: ❝ Les archives ❞ :: Anciens rps-